Chapitre 114 : Retour à la maison.

20 03 2007

Le reste de la route se fit sans encombre, et pour une fois, sans rencontre étrange. Un grand sourire se dessina sur le visage de l’agneau lorsqu’il aperçut enfin la plus haute des tours du château. Il mouton se hâta donc de vérifier chacune de ses hypothèses en commençant par la plus logique : il alla voir sur le lieu de la chute si la pierre y était toujours. Elle n’y était pas. Il prit donc le chemin du lac, plongea dans ce dernier, appréhendant tout de même l’absence de cailloux. C’est alors qu’il sut enfin ce qui était véritablement advenu du « pavé vengeur », il avait été idiot d’émettre autant d’hypothèses alors qu’une seule était véritablement logique et n’omettait aucune loi naturelle ou physique. En effet, des cailloux dans ce lac, il y en avait (il y avait même des choux, des hiboux, des genoux et j’en passe), suffisamment pour bien endommager la boite crânienne d’un plongeur inconscient d’ailleurs, mais pour ce qui était des pierres maudites… La pierre, lors de sa chute, était tombée sur une pente. Mais cette pente, je vous le rappelle, était à l’époque la côte d’agneau, donc prévue pour la montée : ce qui justifie l’hypothèse numéro 3 à savoir que le caillou ait continué son ascension vers des horizons lointains, inconnus, célestes et paradisiaques…

La question était maintenant : « Comment rejoindre ces horizons lointains, inconnus, célestes et paradisiaques? » car si il y a une chose qui n’est pas facile, c’est bien de rejoindre des horizons lointains, inconnus, célestes et paradisiaques. Cependant, hasard ou chance, chance ou hasard ? Le mouton avait justement une idée pour rejoindre les horizons lointains, inconnus, célestes et paradisiaques. Pour rejoindre ces horizons lointains, inconnus, célestes et paradisiaques, il lui suffirait d’emprunter son escabeau volant idéal pour rejoindre des horizons lointains, inconnus, célestes et paradisiaques. Et pour cause, quoi de mieux qu’un escabeau volant idéal pour rejoindre des horizons lointains, inconnus, célestes et paradisiaques ?

Le mouton prit donc son escabeau de Bourgogne volant idéal pour rejoindre des horizons lointains, inconnus, célestes et paradisiaques ainsi que son courage à deux mains (soit un grand total de quatre mains) et s’envola vers ces fameux horizons lointains, inconnus, célestes et paradisiaques.

Après quelques minutes de vol, il distingua une sorte de hameau reposant sur les nuages, il décida de s’y arrêter et pensa que l’allée principale ferait très bien office d’anuageage. Il s’y arrêta donc, et l’allée principale fit très bien office de piste d’anuageage. Un attroupement de curieux se forma autour de lui et étonnement, ils revêtaient tous d’étranges soutanes et portaient un pendentif autour du cou. Un des individus engagea la conversation :

Le Père Manganate : Qui es-tu? Nous n’avons pas l’habitude d’avoir des visiteurs!

Le GMS : Si je suis venu vers ces horizons lointains, inconnus, célestes et paradisiaques, à l’aide de mon escabeau volant idéal pour rejoindre des horizons lointains, inconnus, célestes et paradisiaques…

La Mère Tume : ça suffit!

Le GMS : Je voulais juste vous demander si vous n’aviez pas vu, durant les 27 dernières années, passer un parpaing volant non identifié?

La Mère Ifique : Comment voulez-vous que l’on se souvienne d’un détail aussi futile?

Le Père Igrinateur : Ouais, j’suis d’accord avec la mère Ifique.

Le Père Mesant : Moi aussi

Sir Dabeille : Vive la mère Ifique!

Sir Anodebergerac : A mort le mouton, brûlons-le!

Sir Humène : Et mangeons-le en méchoui !

Le Père Péroni : Calmez-vous! Il ne sert à rien de s’énerver, ce mouton ne nous veut aucun mal, mieux vaut privilégier la discussion. Comme tu l’as compris cher mouton, nous n’avons pas vu ton parpaing ou tout du moins ne nous en rappelons plus.

Le GMS : Ah, eh bien merci de votre accueil, et au revoir.

Le Père Péroni : Maintenant nous pouvons le brûler!

Heureusement, le mouton n’avait pas éteint son escabeau et pu s’enfuir aussitôt pour aller se réfugier sur un nuage plus élevé. Cependant, il avait eu le temps de s’apercevoir que les pendentifs que portaient les religieux étaient à l’effigie d’une sorte de pavé parallélépipédique. Pouvait-il s’agir du parpaing tant espéré et était-ce pour cette raison même que les habitants se sont tout de suite énervé ou bien était-ce seulement parce qu’ils étaient complètement idiots? Ces deux hypothèses avaient très certainement toutes les deux leur part de vérité. Toujours est-il que le mouton embarqua de nouveau sur son escabeau et reparti en direction d’une grande bâtisse au toit de zinc et aux multiples colonnes.

Ce lieu semblait occuper une place très importante dans la vie de ces religieux, c’est pourquoi le mouton fit très attention de ne pas se faire repérer, d’autant plus qu’il avait déjà eu quelques conflits avec les encapuchonnés. Il décida donc d’entrer dans le temple par un petit orifice du toit qui avait été percé ici pour d’évidentes raisons scénaristiques. Il remarqua avec stupéfaction que le dit temple était absolument vide à l’exception d’un immense parpaing de taille moyenne et d’une envergure chétive entouré d’inscriptions prophétiques notées dans une langue mystique et absolument incompréhensible elle-même basée sur un système de petits oiseaux et d’avant-bras. Le mouton se hâta de tisser une corde à l’aide de sa laine, en entoura le parpaing, et l’attacha à son escabeau avant de s’en retourner sans encombre jusqu’aux plaines nordiques où il avait pour la dernière fois vu son père. Nous passerons rapidement sur certains évènements, la suite étant banale et prévisible : notre mouton se rend jusqu’à son père sans le moindre problème d’escabeau, scie la laine avec les dents de manière à ce que le parpaing cheille (choir au subjonctif ?) sur son père qui du coup, paf, se démaudit, et scande un dernier message prophétique : « Mon fils, vers la baie de Room tu dois aller, la baie de Room tu ne dois pas ingurgiter sinon tu auras la diarrhée » puis disparut, avec son armée on ne sait où. Certains disent l’avoir croisé dans les petites gruelles de Calan, mais nul ne sait si c’est vérité ou légende.