Chapitre 21 : La confection d’une Baie de Room, tintintindin bidibidiboumboum (bruit de castagnettes, cuivre et autres instruments à cordes ayant pour résultat de vous intriguer au plus haut point d’interrogation).

20 03 2007

Que c’est bon de savoir qu’on est sur le point d’accomplir une quête. Même si cette dernière n’était que la récupération de quatre ingrédients utiles à la confection d’un artefact, et non pas un affrontement avec une hydre tricéphale maléfique bouffeuse de pancréas.

C’est avec en tête l’idée que la quête s’achevait et que la fin de sa mission approchait que le GMS se rendit chez Madame Pruneaux. Une fois avec elle, il la salua de la part du Grand Papou Sacré, attention qui la toucha beaucoup. Et c’est après quelques mondanités que nos deux amis s’en allèrent vers le Phare Macie, bâtiment où Madame Pruneaux, herboriste de son état, avait établit son laboratoire.

Une fois arrivée au troisième étage du phare, Madame Pruneaux ouvrit l’unique porte, laissant apparaître une pièce d’une blancheur éblouissante. Seul obstacle à l’immaculation du lieu, le parquet d’un vert caca d’oie. Il n’osa guère demander d’où lui était venu l’idée de mettre un aussi laid parquet dans une aussi belle pièce, de peur d’avoir droit à un récit chronologique, détaillé et ennuyeux de l’histoire du revêtement du sol sur lequel ils se trouvaient.

Ceci dit, avant de pénétrer dans le laboratoire, il fut demandé au mouton d’enfiler une paire de charentaises pour ne pas risquer d’abîmer le « magnifique plancher du laboratoire », la faute de goût était évidente. Il s’exécuta et pénétra dans l’antre pharmaceutique au centre duquel une grande table trônait.

-Nous y v’là, lança t-elle.
-Oui. Superbe laboratoire d’ailleurs.

Il mourrait d’envie de lui dire que le sol dudit laboratoire était d’une mocheté innommable mais préféra s’abstenir pour ne pas attirer sur lui le courroux de sa sauveteuse.

-Alors, z’allez m’passer les ingrédients là don’. Et p’is j’vais m’charger du reste.
-Pas de problème j’observe.
-C’est ça gamin, ob-ser-ve don’.

Il lui tendit l’intégralité des ingrédients. Le Zbogoune fut monté au laboratoire par les escaliers pour des raisons que la raison ignore étant donné la présence d’un monte-charge sur le flan Est du phare. Quoi qu’il en soit, une fois les composants sur la table, la laborantine tira sur un gros levier, geste qui eut pour effet de faire jaillir du disgracieux parquet (et non pas du disgracieux parquet), un énorme chaudron. Chaudron dans lequel vinrent choir le Room Raisin, le Zbogoune de Marcel, Pitoune et Toune, le Kummel et une pincée de poudre de Perlimpinpin.

L’action d’envoyer faire bouillir les ingrédients se fit suivre d’une éclaboussure verdâtre qui retomba sur le sol, le recouvrant ainsi de son atroce couleur (voilà donc la raison de la laideur du planché). Madame Pruneaux expliqua que par la suite, il fallait faire cuire le tout à petit feu pendant une heure ou deux, après quoi, les éléments bien mélangés, on pouvait vider le liquide dans un petit réceptacle de forme ronde et attendre que le tout durcisse.

Pour passer le temps nos deux chimistes se lancèrent dans une ennuyeuse discussion. Conversation tellement insignifiante que je ne vous ferais même pas part de ce récit et maquillerait ce fastidieux dialogue en ne vous contant que la captivante partie de Scrabble durant laquelle le GMS et Madame Pruneaux s’engagèrent. Duel si prenant que c’est après avoir placé les mots « Vertueusement » avec le « v » compte double, « Zoomorphisme » avec le « z » compte triple, le mot « Kinésithérapeute » avec mot compte double et le mot « bas » avec « a » compte triple, que nos deux compères se rendirent compte doublement que le liquide contenu dans la marmite était en ébullition.

Après avoir coupé le feu de dessous la marmite, le bouillonnement faiblit petit à petit. Quelques instants plus tard, ils purent contempler le liquide d’un vert semblable à celui du sol sous leurs pieds. Ils versèrent le contenu de la marmite dans le moule à Baies de Room. Avec toute la quantité de liquide produite, ils pourraient faire une centaine de baie. Mais toutes seraient détruites sauf dix-sept (ne nous demandez pas pourquoi).

-Eh bah y a p’us qu’à attendre un peu.
-Parfait. Bientôt, j’aurais la Baie de Room en ma possession. *rire machiavélique*
-…
-Mais euh… Que dois-je faire à la baie pour obtenir l’artefact ?
-Il faudra t’rendre dans la salle mystique du cinquième phare. Le Phare Yngolaryngite.
-Oh joli nom.
-Ouais. et très pratiqu’ au Scrabb’.
-Oui, mis à part le fait qu’un Scrabble ne comporte qu’un « y ».
-Pas folle la bête. J’y avais jamais don’ pensé.

Souhaitant revenir au sujet qui l’intéressait le mouton s’exclama :

-Et la baie alors ?
-Bin la baie faut la mett’ sur un autel. Mais y parait qu’ça marche qu’ si t’es l’élu et qu’il est 17h49 pétantes.
-Bien. Alors une fois la baie fabriquée, je me rendrai là bas et j’attendrai l’heure. Y a t-il quelque chose de particulier que je doive faire une fois là bas, il n’y a pas de formule magique a réciter ?
-Non, tu t’assoies et tu attends.
-Okay.-

Quelques minutes après, la Baie de Room était là, dans sa main. Cependant, il était déjà 16h37. Il n’avait plus qu’un peu plus d’une heure devant lui. Il partit immédiatement en direction du Phare Yngolaryngite, préférant arriver en avance, au cas où.