Chapitre 2 : Rencontre avec O.

19 03 2007

Le grand méchoui sacré fit donc l’acquisition de quelques rations de voyage ainsi que d’une soixantaine d’entonnoirs avant de prendre la route pour la ville. Il descendit la côte d’agneau et songea à la rebaptiser en l’honneur de son défunt père, qui se nommait Gruèlle, pour ainsi la renommer: « la pente à Gruèlle ». Il parcourut par la suite une certaine distance, en tout cas suffisante pour avoir mal aux pieds, avant de se retrouver devant une trifurcation : trois chemins s’offraient à lui et fort heureusement des pancartes lui indiquaient le chemin. La première indiquait: « Calan-bourg 52km », la deuxième « Bois maudits 745km » et la troisième: « Pente à Gruèlle 83km » (décidément, les nouvelles vont vite dans ce pays ! Et au fait vous avez vu, on a la réponse, pas étonnant qu’il ait mal aux pieds!). Il décida d’aller à Calan-bourg malgré la mauvaise réputation des Calan-burgiens et leur fâcheuse habitude de faire quantité de jeux de mots douteux…

Il se rendit donc, le baluchon à l’épaule et les entonnoirs sur la tête, à Calan-bourg. A peine était-il arrivé dans la ville qu’un indigène lui adressa la parole :

-Salutations étranger, je m’appelle Harry Cover, oui, je sais, mes parents étaient en manque d’inspiration…, en quoi puis-je vous être utile?
-J’aimerais savoir où se trouve votre chef…
-Vous continuez encore sur la rue Béole, vous tournez à la deuxième à gauche sur la rue Barbe, et devant vous se trouvera le château d’O, notre chef.
-Merci bien manant.

Lorsqu’il arriva dans le château, un géant l’accueillit. Voici la palpitante discussion qu’ils échangèrent :

-Bienvenue je suis le géant Vidchier.
-Ne te gêne pas pour moi…
-Non, je suis un géant et je m’appelle Vidchier.
-Vidchier, Vidchier quel drôle de nom, pourquoi pas libellule ou papillon? Euh, désolé, où pourrais-je trouver le grand manitou de ce château, que dis-je, de cette ville?
-Allez voir du côté de l’office du tourisme.

Il y alla et trouva une femme du nom de Micheline, elle était guide. Il demanda donc à la guide Micheline où se trouvait la salle du trône et elle lui dit de demander au géant Vidchier, car d’après elle, vu le nom dont il était affublé, il devait bien connaître cet endroit. Au terme d’une longue conversation, la guide finit par comprendre que notre sympathique mouton ne cherchait pas un endroit où se soulager mais bien un certain « O », propriétaire du château dans lequel il se trouvait.

Après plusieurs heures de marche à travers les couloirs sinueux du château, il lui vint l’idée que, peut-être, la guide Micheline s’était moquée de lui en disant que pour aller à la salle du trône, il s’agissait de tourner perpétuellement à gauche jusqu’à ce qu’on y arrive, mais justement dans le cas du mouton « on n’y arrivait pas ». Tout à coup, une voix grave, chantante, rauque, aiguë, sinistre, austère, effrayante, douce et rassurante fit violemment vibrer la cage thoracique, le sternum, ainsi que le pancréas de l’être ovin. C’était une voix de chef (oui, car il faut savoir qu’à l’époque tous les chefs avaient une voix plus ou moins semblable…), il pensa tout de suite à O. Il entra par la porte d’où provenait la voix et devant laquelle il était passé plusieurs fois durant les quelques dernières heures. Il fut chaleureusement accueilli par le sympathique dirigeant politique qu’il devait, je vous le rappelle, convaincre. Ils se tinrent à peu près ce langage :

« Si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le phoenix des hôtes de ces bois » Euh non c’est pas ça.

-Que me vaut l’honneur de vous recevoir ?
-Eh bien je ne suis pas un témoin de Jéhovah mais je tente tout de même de répandre la connerie à travers le monde car ne dit-on pas un imbécile heureux ? Et, de ce fait, je vous demande de m’aider dans ma lutte en distribuant des entonnoirs à la population, que vos sujets devront se mettre sur la tête.
-Hum je vais en parler à mon père Pétuel.
-Ah bon il est immortel ?
-Non en fait c’est mon père et il s’appelle Pétuel.
-Alors, vous aussi, vous faites de mauvais jeux de mots ?
-Ben étant donné que c’est mon père, ce n’est pas moi qui l’ai appelé ainsi… mais oui je fais de mauvais jeux de mots vous allez voir… Alors père qu’en pensez vous?
-Le père : Hum je ne sais pas…
-Le fils : Hé bien réfléchissez.
-Le saint esprit : Amen.
-Le GMS : Alors?
-Le fils : Je pense qu’il faudrait convoquer l’assemblée des comtes…
-Les Comtes : Nous voilà!
-Le GMS : Quelle efficacité!
-Le fils : Vous êtes tous là? Un, deux, trois, quatre, c’est bon le compte y est.
-Le GMS : Vous voulez dire les comtes y sont.
-Le fils : Non, le compte avec un « p » y est et les comtes sans « p » y sont, car nous avons les quatre comtes sans « p » avec un « s » ils sont « quatre » avec un « s » euh sans « s » : Le comte de Perrault, le comte de Banque, le comte D’Imment et le comte Ableagréé, vous comprenez ?
-Le GMS : Non, attendez j’enlève mon entonnoir, ah oui c’est bon je comprends, c’est même d’une implacable logique !
-Le fils : Bon, êtes-vous favorables à l’idée du mouton ?
-Le Comte de Banque : Oui
-Le Comte de Perrault : Un peu
-Le Comte D’Imment : Bof
-Le Comte Ableagréé : Si deux oies pondent deux oeufs en deux jours, combien d’oeufs une oie pondra t-elle en un jour et demi et quel est l’âge du capitaine?
-Le fils : L’avis est favorable je vous autorise donc a distribuer vos entonnoirs dans ma ville.
-Le GMS : Merci.
-Le père : C’est moi qui te dis merci, vas répandre la connerie en mon nom !
-Le fils : Oui et en le mien aussi !
-Le saint esprit : « Pierre dit à Jésus: Et celui-ci, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? »

Quelque chose me dit que l’on viendra une fois de plus troubler mon récit en me demandant ce que le Saint esprit faisait ici à ce moment là, mais je vous rappelle que le Saint esprit est omniprésent, omniscient, omnibus et omnipraticien!