Chapitre 31 : La laine de mouton contenait autour de 50% d’impuretés graisseuses.

23 03 2007

Résumé des épisodes précédents : La brume entoure nos deux compagnons, le vent tournoie autour d’eux, ils sont là, ils attendent, ils doutent, ils réfléchissent à une stratégie visant à éliminer le vil lapin afin d’en ramener la région du corps non vertébrée, postérieure au postérieur, ici de forme arrondie, à Monsieur pour que ce dernier leur remette sa chèvre ayant des vertus magiques utiles à l’élimination de l’affreux Merlin l’embrocheur car, achevant ce dernier, le mouton sacré achèvera bilatéralement sa divine quête !

Le plateau de Fruidemaire n’était non pas constitué de 24 huîtres, 8 oursins, crevettes bouquets, crevettes grises, 16 langoustines, 2 tourteaux, 400g de bigorneaux, 1kg de bulots, 1kg de palourdes, 800g de coques, de citron, de vinaigre, d’échalote, de mayonnaise, de pain de seigle, de beurre, d’algues, et de glace pilée, mais d’une tonne élévation délimitée par des à-pics vertigineux garnis de pitons rocheux acérés et couleur d’obsidienne, d’un kilogramme de petit chemin qui sent la noisette enjambant ce dénivelé et le long duquel s’épanouissent de ravissant buissons rafraîchissants bariolés de coquettes fleurs autour desquelles papillonnent des libellules haranguant joyeusement de paisibles marmottes, chemin par lequel nos deux amis étaient arrivés à une clairière verdoyante où s’étaient entassés au fil des siècles les ossements de nombreux et courageux aventuriers, clairière entourée d’une sombre forêt où siégeaient de nombreux et diverses épineux menaçants, des chênes de montagne aux feuilles à quatre lobes à travers lesquels filtrait une lumière ténébreuse, d’imposants frênes Chkankan aux formes plus barbares encore que leur fine appellation, un chasseur de bestioles sacrées qui avait l’air sympa et un fusil dans le dos, au loin la forme des pins décents de la fine pierre, quelques tilleuls fourbes poussant dans l’obscurité, et parmi ces arbres rustres, ça et là des corbeaux quittent l’ébène et volent ou s’aèrent aux saules.

Roger le lapin sanguinaire lui, observait la scène en ricanant. De la bonne chaire fraîche, avec la réputation qu’il s’était taillé, cela faisait longtemps qu’on ne lui avait pas ainsi apporté de la viande au dîner sur un plateau (si je puis me permettre ce douteux jeu de mot).

La faim au ventre, l’animal bondit du haut de son rocher sur nos deux amis dans le seul but de les dévorer tout cru. C’est à ce moment que le chasseur de bestioles sacrées qui avait l’air sympa et un fusil dans le dos, trouva bon de sauter tout fusil dehors sur nos deux amis dans le seul but de se prendre le lapin dans la gueule, se faisant par la même bouffer, servant ainsi de bouclier a nos deux compères dans un involontarisme tel que ce ne fut pas le but et donc, je ne sais plus de quoi je parle. Or donc il advint du chasseur qu’il se fit copieusement ingéré par le cruel lapin. Un chasseur chassé est déjà stupide. Mais un chasseur de bêtes sacrées chassé par une bête sacrée c’est d’autant plus bête. (Petit jeu : vous joyeux lecteurs pouvez chanter « Ce matin, un lapin a tué un chasseur » en boucle et passer pour de parfaits abrutis).

Profitant de ce manque d’attention de la part du lapin dévorant le chasseur, nos deux compères partirent en courant, plus loin et en sécurité ils pourraient songer à une autre approche. D’autant plus que maintenant ils étaient informés sur la façon de procéder de la créature.

Pour combattre le lapin, à la base il y avait trois possibilités. La première étant de trouver un chasseur, sans qu’on le lui demande le chasseur de bestioles sacrées se prêta au jeu. Rémi ne s’en remit jamais, soit dit en passant. Il ne restait donc plus que deux possibilités. L’une des deux étant l’utilisation radicale d’une Sainte Grenade d’Antioche, si grenade il y avait. Or, dans le cas du GMS, grenade il n’y avait pas. Si vous comptez bien il ne reste plus qu’une possibilité, il faut trouver l’opposé d’un lapin, mais un opposé bizarre, une sorte d’anti-lapin quoi… Par exemple, l’opposé du thé est l’anti-thé, l’opposé du yeah est l’anti-yeah et l’opposé de l’ illedecontact est l’anti-illedecontact.

Pour ce qui est du lapin, il fallait chercher plus loin. L’anti-lapin était : la carotte ! Mais trouver une carotte bizarre n’était pas à la portée du premier venu, ni du second, le troisième non plus, pas plus que le quatrième d’ailleurs, encore moins du cinquième, le sixième pfff et ainsi de suite. Mais le GMS était le 3759ème, alors peut-être serait-ce différent pour lui.

-Si je puis me permettre, osa Rire, j’ai entendu parler d’une carotte à plusieurs têtes, dévoreuse de lapin, qu’on appelle ici la carotte-hydre !
-La carotte-hydre dis-tu ? Quelle veine ! Je connais un lapin qui n’a qu’à bien se tenir !
-Pourquoi, tu vas retirer l’échelle ?
-Non, on va aller trouver cette anti-carotte, et l’emmener jusque sur les Terres du lapin. Et pour mettre toutes les chances de notre coté on va aussi convoquer l’armée, j’ai lu quelque part qu’une tortue avait toutes les chances de gagner face à un lièvre, alors face à un lapin ça ne devrait pas poser problème. Si des colonnes de mameloukes pouvaient se joindre à nous ce serait formidable… Sais-tu où se trouve cette carotte ?
-D’après ce que j’ai entendu, elle se cache au fond d’une grotte, à Orte, vers Tébrale à l’autre bout de l’île. La carotte-hydre est protégée par Sterno-cléido-occipito-mastoïdien, un membre renégat de la légion romaine.

Ils se rendirent donc à l’autre bout de l’île. Arrivés devant la grotte, Sterno-cléido-occipito-mastoïdien les stoppa :

-Stop ! Quelles sont les raisons qui vous amènent en ces lieux où règnent la crainte, la terreur et une forte odeur de merguez ?
-Nous voulons rencontrer l’hydre.
-Alors pour cela il vous faudra répondre à…

Le mouton le coupa net :

-… une énigme.
-Comment avez-vous deviné ?
-Eh bien de deux choses l’une ; a) je suis dans le métier depuis longtemps maintenant, b) on répond généralement à : un coup de fil, une demande en mariage, laviolenceparlaviolence, où alors à une question/énigme/demande/crème de marrons. (Autre petit jeu, trouvez l’erreur qui s’est glissée dans le dialogue ci-dessus).
-Quel esprit de logique… il va me falloir trouver une énigme coriace pour vous deux.
-Attendez deux minutes, on est pas prêt.
-Alors rapprochez vous.
-C’est bon, on est près.
-Bien. Imaginez un nain et un géant qui marchent l’un à coté de l’autre. Soudain il se met à pleuvoir. Puis il s’arrête de pleuvoir. Qui des deux personnages à été le plus mouillé ?

Ou la la la la, nos deux amis étaient face à une énigme sacrément balèze. Alors que Rire était tenté de dire « et la tête alouette », le GMS lui réfléchissait. Il avait préalablement enlevé son entonnoir afin d’avoir toutes les chances de rencontrer la carotte-hydre, il se creusait le ciboulot comme jamais, s’imaginait le nain et le géant, calculait la racine carré de 275, évaluait les liens de causalité entre le départ et l’arrivée, cherchait une corrélation entre la pluie et la marche à pied… Quand, soudain, une céleste lumière éclaira son être, un court instant, à vrai dire juste le temps pour qu’un nouveau nuage passe et re-cache le soleil. Puis il se remit à chercher à faire des calculs. Quand, tout à coup, la solution lui était apparue, aussi claire que Julien :

-Si la pluie tombe d’un coup sur les deux personnages, le géant la reçoit plus tôt, et le nain plus tard, donc le géant a reçu plus d’eau. Mais lorsqu’il s’arrête de pleuvoir le géant ne reçoit plus d’eau plus tôt que le nain qui lui reçoit encore de l’eau après que le géant n’en reçoive plus, donc le nain a reçu plus d’eau. Alors, ils ont au final reçu autant d’eau l’un que l’autre et peuvent rentrer dans une auberge boire un coup.
-Et la tête alouette !

Abasourdi par la qualité de la réponse du Grand Méchoui Sacré et par la véracité de ses propos, Sterno-cléido-occipito-mastoïdien ne put qu’admettre que nos deux amis avaient bien mérité d’aller se faire dévorer par l’hydre. Il leur expliqua que la grotte n’était pas bien grande et dotée d’une seule galerie et par conséquent qu’ils ne pouvaient pas se tromper de chemin, puis leur souhaita bonne chance, bonne année, bonne iche et bonne jovi.

Après quelques minutes, ils tombèrent nez à nez, ou museau à museau avec la carotte-hydre. Guère aguichante cette dernière les regardait d’un air impatient.

-Euh, Martin, je crois que l’hydre attend.

Après cette réflexion perspicace sur le statut de l’hydre, le GMS se lança.

-Bonjour noble hydre.
-GrrrRRRrrr (notez au passage que l’hydre n’est pas très accueillante).
-Euh… Je suis le Grand Méchoui Sacré, un être divin en mission.
-Raaaaaaah je hais les êtres divins !
-Ah bon ? Je ne savais pas que les hydres reniaient les divinités.
-Oh vous savez chez nous les hydres, très tôt, on nous envoie faire notre S.A (Service Athée), après deux ans on est des hydres athées.
-Je comprends mieux, mais j’ai besoin d’un coup de main. Il se peut que, bien qu’étant un être divin, ma requête vous intéresse.
-Dites toujours.
-Toujours.

C’est lorsque la carotte hydre, emplie de colère, ouvra la gueule pleine de restes de lapins déchiquetés coincés entre ses chicots acérés, que le GMS comprit que cette dernière n’appréciait peut être pas tellement ce genre d’humour, et qu’il allait le payer de sa vie et de celle de Rire. Mais dans un élan de célérité ce dernier déclama :

-Je connais un lapin qui vit sur un plateau et qui n’attend que votre mâchoire pour s’y fourrer ! Pitié ne me mangez paaaas !

Sur le coup l’immense bec se referma sec à quelques centimètres des têtes de nos deux amis.

-L’hydre : Huum je raffole des lapins !
-Rire : Je savais que vous seriez intéressée.
-Le GMS : Et comment allez-vous le manger ?
-L’hydre : Au miel !
-Les Blues Brother : Everybody, need somebody.

Sur ces belles paroles, nos amis prient la route en direction du plateau de Fruidemaire. Il fallait cependant expliquer à la carotte-hydre qu’il ne fallait pas manger la queue du lapin, cette dernière répondit que de toute façon, cela n’avait pas de goût.



Chapitre 30 : Fait partie du groupe des ratites en 8 lettres : A _ _ r _ c _ _.

20 03 2007

Vanessa les avait bien prévenue, ici personne ne leur ferait de cadeaux. Mais ils étaient là et se devaient de ramener la queue du lapin d’Icites. Selon ce que savaient le GMS et Rire, les Romains pensaient pouvoir, d’ici peu, conquérir le monde. Ils mirent alors une technique de léchage de bottes en place, d’un commun accord.

C’est alors que, dès leur arrivée,  ils trouvèrent un homme (enfin si la jupe était trompeuse, le casque et les muscles laissaient penser que c’était bel et bien un homme) qui ressemblait assez aux centurions qu’on leur avait décrit. Ils échangèrent quelques brèves salutations, et nos deux compères invitèrent le soldat à se balader dans la ville.

-En tout cas, vous les Romains, on peut dire que vous n’avez pas mauvaises arènes.
-Oui, et nos bains d’bouches y sont pour beaucoup.
-Hum, je vois.
-Mais votre armée là, on nous en a parlé, c’est un peu le bordel nan ?
-Hola étranger, pour l’instant tout se passe bien entre nous, on peut pas dire que beaucoup d’arrivants ici aient été dans votre cas, restons en bons thermes voulez-vous.
-Bien sûr, veuillez nous pardonner.
-ça va pour cette fois. Avouez quand même que nous sommes très bien organisés, nos équipements sont les meilleurs sur le marché, nos formations de combat sont novatrices et nos soldats sont les plus disciplinés de tous, pour l’instant nous restons cantonnés sur cette île mais bientôt le monde nous appartiendra.
-Vos formations sont novatrices certes, comment penser pouvoir se battre avec un régiment de forme ronde ? Où avez-vous eu cette idée ?
-A vrai dire pour le rond, c’était un carré qui a mal tourné, on a trouvé ça joli alors les chefs ont décidé de le garder.
-Et votre « tortue » alors ?
-La fierté de notre armée, les hommes avancent sans craindre de se prendre une flèche dans la tête, les hommes de tête guident le reste du régiment, leur lances en avant.
-Eh bien, demandez à tous vos hommes de pointer leurs lances vers le ciel, vous pourrez appeler ça « le porc épique », on retiendra ça dans l’Histoire.
-Vous croyez ?
-C’est certain, tout ce qui est épique de toute façon laisse une trace dans l’Histoire.
-Je vais en parler aux généraux.
-Et vos généraux, ils sont en général réceptifs à ce genre d’idée ?
-Très, je vais leur en parler sur le champ plus tard il sera trop tard, le Commandant dormira déjà.
-A cette heure-ci ?
-Oui, le commandant s’couche tôt.
-Et tenez un laissez-passer il vous sera sûrement utile.
-Merci et bonne chance.

A peine fût-il parti en courant, Rire explosa de lui-même, et le mouton suivit. Ces Romains ne comprenaient pas très bien l’humour du continent, à cause d’eux les légionnaires recevraient bientôt l’ordre de se mettre en position « porc épique ». La quête d’Icites était prometteuse.

Maintenant, il leur fallait manger un peu avant de partir dans le centre de l’île à la recherche du lapin. Peut-être que dans le restaurant devant lequel ils se trouvaient, « Romaine toi pour manger », quelqu’un pourrait les renseigner aussi. Ils s’installèrent à une table, allongés, à leur plus grande surprise.

-Que veulent ces deux Messieurs? leur dit un serveur fraîchement arrivé.

Le Grand Méchoui Sacré n’écoutait pas et était allongé à, bêtement, regarder un grand bâtiment de forme ronde.

-Deux boissons s’il vous plait, demanda Rire.
-Ah, l’Colisée, dit le GMS en soupirant.
-Bien, deux verres de vin, ça arrive tout de suite.

Le mouton sorti de sa rêverie et demanda à Rire ce qu’il avait loupé, ce dernier lui dit qu’ils avaient commandé deux verres de vin, ce qui sembla parfaitement lui convenir.

Le serveur revenu ils lui demandèrent si ce dernier connaissait le Lapin d’Icites. A peine le nom de l’animal prononcé un vacarme empli la pièce, les gens se levèrent et quittèrent le restaurant en criant.

-Malheureux ! Ne prononcez jamais le nom de celui dont on ne prononce pas le nom !
-Vous voulez parlez du lapin d’Icites ?
-Aaaaaaaaaah !
-Autant pour moi. Alors appelons le « Roger ». Où pouvons-nous trouver « Roger » ?
-Vous êtes envoyé du continent pour ramener la queue de « Roger » à quelqu’un n’est-ce pas ?
-C’est tout à fait ça.
-Personne n’a jamais réussi à le faire.
-Nous nous le ferons !
-Ils disent tous ça. Après tout c’est votre choix. L’histoire de « Roger » est connue de tous ici, elle nous fut racontée par les anciens qui se l’étaient faite raconter par leurs anciens et ce depuis des générations d’anciens.
-Ce lapin doit alors être extrêmement vieux.
-Certes, cela n’empêche que personne n’est jamais revenu d’une chasse de ce dernier.
-Mais alors, où le trouve t-on ?
-Au centre de l’île se trouve le Plateau de Fruidemaire, Fruidemaire était un homme bon, il a beaucoup contribué au développement de l’île. C’est sur ce plateau que se trouve le lapin, on y accède par une petite côte. Mais n’y allez pas, ce n’est que pure folie.
-La folie est notre guide.

Une fois sortis du restaurant qui commençait juste à se re-remplir, les deux braves amis, se dirigèrent non pas vers le centre de l’île mais vers une épicerie dont ils étaient proches et dans laquelle ils trouveraient certainement quelques rations de voyage. Les provisions faites, ils se mirent en route pour le centre de l’île qui par chance n’était pas tellement grande.

Sur le chemin, ils rencontrèrent une troupe de romains qui marchaient en rang en direction de la ville.

-Haaalte ! Que faites-vous ici, étrangers ?
-Nous nous rendons sur le Plateau de Fruidemaire pour occire le lapin de euh, vous voyez.
-Oui, mais je vous déconseille vivement d’y aller. De plus, avez-vous un laissez-passer ?
-Tenez, tout est en règle.
-Très bien, mais messieurs je vous le redis, n’y allez pas, vous avez tort, et le tort tue!

Une fois ces mots prononcés les soldats se trouvant derrière le centurion se mirent en formation, bouclier en avant pour ceux de devant, et au-dessus des têtes pour ceux des rangées suivantes. Ce faisant le centurion se mit à hurler sur ses hommes. Nos deux baroudeurs en profitèrent pour s’en aller discrètement.

Quelques instants plus tard, ils arrivèrent au Plateau. Des pancartes « attention lapin méchant » avertissaient dès les premiers mètres les aventuriers intrépides. Les os jonchaient le sol, portant par endroits les armoiries des chevaliers de la table ronde. Pauvres hommes, ils devaient eux aussi être rudement courageux.

-Et si les gens disaient vrai, si nous n’étions pas à la hauteur? douta Rire.
-Ah, Ah, bien sur que nous serons à la hauteur, surtout que nous sommes en haut d’un plateau! Ne me dis pas que tu as peur d’un lapin ?
-A la base non, mais arrivé ici, tous ces os là par terre…
-Allons, ne me dis pas que tu vas reculer si près du but ?

Un bruit de dents se fit entendre non loin d’eux ce qui mit fin à leur discussion, il était là et les surveillait.



Chapitre (18+5-6*2-4) : Malheureusement le titre a abandonné à quelques mètres de l’arrivée.

20 03 2007

Après avoir parlé de ce noble sport, éreinté le sujet et fait plusieurs tours de ce dernier, nos amis parvinrent finalement à éventrer le temps qui s’écoulait, jusqu’alors, grain par grain, flocon par flocon, issaingermin par issaingermin; car, tout de même, il faut bien le reconnaître, la natation synchronisée, qu’est-ce que c’est naze! En plus, à la nation synchronisée, Rire ne connaissait pratiquement rien, et lorsqu’il en parlait, il avait tendance a se cantonner à son aspect pratique et le mouton avait une sainte horreur du Rire cantonné.

Tout à coup, un grand gong fit sursauter les deux compères, un si grand gong d’ailleurs (je tiens ces informations de mes privilèges de narrateur omniscient) que les habitants du bourg le surnommaient « King Gong ». Le mouton compta onze coups et il crut en déduire que chaque coup correspondait à une heure de la journée et que par conséquent, il devait être, si ses calculs étaient exacts, environ onze heure. Seulement voila, dès la dixième heure de la matinée, dix heure cinq à la rigueur, et si les dires du milicien étaient justes, auraient du surgir de toutes parts quelques régiments de créatures, des quintaux d’individus, des mamelouks, des soldats qui défilent par cohortes entières, des divins cubitus… Et là, que voyait-on sur la grand place? Pas l’ombre du  plus maigre félin. Il fallait se rendre à l’évidence, il n’y avait que treize explications possibles:

Soit l’homme ayant sonné l’était lui même autant que son gong. Soit il était onze heure. Soit le mouton ne savait pas compter. Soit je vous épargne les 8 autres solutions. Le mouton décida donc d’aller à la rencontre du gongueur pour lui demander quelques explications. Mais lorsqu’il s’approcha un peu, il se rendit compte que le pauvre homme était complètement saoul, qu’il hochait niaisement de la tête et que de sa personne émanait un étrange parfum. Ledit parfum était d’ailleurs non sans rapport avec le fait que l’ivre hochait.

Les deux compagnons étaient décidément bien mal chanceux : ils avaient jusque là réussi à trouver deux individus, mais le premier était parti en courant et le deuxième n’avait plus le quart de ses facultés. Le GMS voulut tout de même tenter sa chance et lui poser quelques questions mais il n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche que la place se remplit subitement de hordes de Mamelouks, de régiments de zouaves et bien évidemment, de cohortes de cubitus.

Le mouton décida de laisser l’homme ainsi que son alcoolisme et de s’informer auprès d’une personne plus saine d’esprit, contrairement à tous les fous auxquels il avait eu affaire jusqu’alors. Son attention se porta sur un homme sobrement habillé. Celui-ci revêtait un pantalon noir de braise, une veste orangée, ainsi que, petite touche de fantaisie, mais toujours très élégante, un entonnoir bleu azur. Ce dernier détail, d’ailleurs, acheva de convaincre le GMS : quelqu’un qui porte un entonnoir, ne peut pas être fondamentalement mauvais. Les deux amis s’approchèrent donc du tiers personnage :

-Bonjour l’ami, je me présente, Martin Gale, et lui c’est Rire.
-Je m’excuse, il me semble que quand un pronom nominal est placé après le participe passé du subjonctif, il s’accorde avec l’épithète lié, et on ne dit pas par conséquent : “lui sait rire” mais “Il sait rire”.
-Je m’excuse, mais Rire c’est son nom et par conséquent c’est moi qui ai raison (si la logique du mouton vous échappe c’est parce que vous ne connaissez pas le célèbre dicton serbo-slovaque : « si c’est son nom, c’est moi qui ai raison »).
-Je m’excuse, mais vous êtes un gros illettré stupide et moutonneux !
-Je m’excuse, mais je vais être dans l’obligation de vous faire manger votre entonnoir.

Après avoir fait ingurgité à l’énergumène son entonnoir de façon minutieuse, le GMS  lui posa une autre question :

-Et maintenant, pouvez-vous me dire où se trouve Monsieur ?
-Non !
-Et pourquoi donc ?
-Parce que si c’est mon non, c’est moi qui ai raison.
-Argument de poids, mais encore ?
-Parce qu’il manque un complément d’objet direct dans votre phrase.
-Hein !?!
-Vous n’avez pas indiqué le nom de la personne que vous souhaitiez trouver.
-Je m’excuse, mais je vais être dans l’obligation de vous faire manger votre veste orangée.

Après avoir fait avaler à l’individu sa veste orangée par un procédé méticuleux, le mouton  l’interrogea à nouveau :

-N’avez-vous pas dans votre Bourg une personne répondant au nom de Monsieur ?
-Si !
-J’avais raison donc.
-Et alors ? Au bout d’un moment, qu’est ce qu’on s’en fiche ? Non, monsieur veut avoir le dernier mot ! Ah, bel esprit que voilà hein !
-Du calme, du calme. Dites-moi simplement où se trouve Monsieur et je vous laisserai en paix.
-Ceci n’est pas pour me déplaire, à vrai dire Monsieur est juste derrière vous, assis sur un banc.

Le GMS tourna la tête et vit effectivement un drôle d’homme avachi sur un banc.

-Merci mon brave.
-Je m’excuse, mais vous ne m’avez pas fait manger mon pantalon noir de braise !
-Où avais-je donc la tête ?

Après avoir fait déglutir au bougre son pantalon noir de braise de manière consciencieuse, l’ovin le laissa enfin tranquille et s’avança vers l’homme du banc.

-Êtes-vous Monsieur, Monsieur ?
-En effet, je suis bien  Monsieur, Messieurs !
-On m’a dit que vous organisiez une sorte de jeu ? Avec un gros lot ?
-Alors, effectivement, j’organise un jeu, par contre, pour ce qui est de la récompense il n’y a pas de gros lot, ou alors vous voulez parler du grelot.
-Le grelot ?
-Oui, celui qui est attaché au cou de ma chèvre.

Alors que Rire jouait avec la chèvre de Monsieur, le GMS se renseignait sur le but de la mission.

-Eh bien c’est très simple, sur l’île Icites vit un lapin, que l’on appelle le lapin d’Icites, ramenez-moi la queue de ce lapin et vous gagnerez ma chèvre.
-Mais ça a l’air simplissime !
-Ce n’est qu’une impression, en fait, les îles Icites sont sous le contrôle de l’armée romaine. La tâche sera rude. L’armée romaine est très très bien organisée, en haut, tout en haut, il y a l’empereur, c’est lui le patron. Un peu en dessous, il y a les préfets de camps qui s’occupent des lits de camps, des mémorial de camps, et des papaonarrive camps. Ils ont sous leurs ordres des officiers d’état-major qui ont eux sous leurs ordres des légats à raison d’un légat par légion chargés de maintenir le moral des troupes à grand coup de « Tenez bon les gars ! ». Ces légions sont composées de six tribuns militaires elles-mêmes composées de très bons militaires. Les légions sont dirigées par des officiers supérieurs et 59 centurions  aussi appelés « pilus prior » en raison de leur pilosité développée. Les centurions on un adjoint appelé optione qui s’occupe de la population, on parle alors d’optione du peuple.
-Quelle idée tout ce foutoir, ils n’iront pas bien loin dans la vie vos romains! Parlons de choses plus sérieuses, comment se rend-on sur l’île Icites ?
-Par bateau voyons! Il y a un bateau de croisière qui fait la navette tous les jours, mais cela va bientôt cesser, les romains souhaitent s’isoler pour magouiller je ne sais quoi.
-Argh…
-Que se passe t-il ?
-Moi la croisière sa m’use… Mais je prendrai ce bateau, irai là bas et vous ramènerai cette queue de lapin !
-Quel courage, c’est admirable ! Ma fille va vous accompagner au port. Vanessa, Vanessa ?!

Ladite fille n’avait pas l’air de vouloir se montrer. L’homme cria plus fort encore.

-Vanessa pardi !
-Oui père ?
-Ah te voilà ma grande. Sois gentille, emmène ces braves gens au port.
-Bien père.

Ils montèrent le long d’un petit chemin nommé de par le lieu où il mène « la côte de port » (la vie est un éternel recommencement c’est prouvé), et arrivèrent au bout de quelques minutes au port où un bateau de croisière attendait.

-Alors vous aussi, vous cherchez la queue du lapin d’Icites ?
-C’est ça oui.
-Très peu en sont revenus.
-Combien sont partis et combien sont revenus ?
-Mon père à envoyé 3758 personnes là bas, un seul homme est revenu mais on s’est rendu compte après coup qu’il était resté dans la cale du bateau en attendant le retour.
-Eh bien je serai le 3759ème et je reviendrai vivant et avec la queue du lapin !
-Je vous emmène voir mon ami Guy Chetier, il vous donnera deux billets pour l’île.

Ils prirent deux billets et s’installèrent à l’avant du bateau, peu après ce dernier quitta le port.



Chapitre 28 : Ce chapitre a strictement à voir avec la natation synchronisée.

20 03 2007

Marchant encore et encore dans cette maudite forêt (à ne surtout pas confondre avec la « Forêt Maudite » car il faut ici comprendre l’expression maudite forêt comme on aurait aussi pu dire « maudite pas que vous croyez réellement que les Frères Jacques étaient un boys band américain des années 80 ? » ou plus simplement « maudite cafetière », notez la subtile nuance), nos deux amis ayant pour but d’atteindre le Bourg-Moilmou semblaient bien désemparés. C’était sans compter l’arrivée d’un morse sauvage. Car en effet, alors qu’ils erraient au beau milieu des arbres, un morse des bois (animal rare j’en conviens, mais rare n’est nullement synonyme d’inexistant) s’imposa à eux.

Le passage qui suit est en morse et, j’en suis vraiment désolé, mais nous n’avons pas trouvé d’interprète adéquat (ni ailleurs) :

- _ . . . _ _ _ _ . . _ _ _ _ _ _ . . _ . _ .
- Pardonnez-nous, nous ne comprenons pas un mot de ce que vous dites.
- _ . _ . . _ . . . _ . _ _ . . . . . . _ .
- Très bonne question…
- . . . _ _ _ _ . . _ . . . _ . _ . _ _ _ . . _ . . . _ . _ _ . .
- Continuez tout droit, tournez à gauche et vous trouverez une très bonne boulangerie.

Ceci étant dit, ils s’en allèrent très très vite, laissant le morse sauvage à sa réflexion. C’est alors qu’ils se rendirent compte que le soleil commençait à se coucher, la forêt déjà pas fortement accueillante au départ, se transforma en un lieu angoissant, brumeux, cafardeux, enténébré, funèbre, inéclairé, inquiétant, lugubre, menaçant, obscur, sinistre, ténébreux. De quoi faire pâlir les plus braves aventuriers.

Mais le GMS et Rire n’étaient pas les plus braves aventuriers, ils n’avaient donc pas à s’en faire, bien au contraire : pendant que de téméraires baroudeurs se faisaient dévorer par des loups masqués (c’est quand même un comble pour un loup d’être masqué), que de courageux guerriers se faisaient éventrer par des brigands de petits chemins, et que de pugnaces héros perdaient la vie ainsi que moult piécettes dans une lutte les opposant à d’affreuses fraises des bois (je vous rappelle au passage que nos deux craintifs pantouflards se trouvent non loin de la Forêt de Douze, ce qui rend logique la présence de fraises…), le mouton et son fidèle compagnon se baladaient dans la forêt, sans crainte.

L es cris insupportables des aventuriers se faisant tailler en pièce rendaient finalement bien avec le chant mélodieux des oiseaux nocturnes, c’était chouette. Ils finirent d’ailleurs par s’y habituer.

(au loin) – Montjoie saint denis !
-Celui-ci c’est un heureux alpiniste banlieusard, sans aucun doute.
(encore au loin) – Tudieu !
-Ah, ça c’est un athée !
(toujours au loin) – Q ue trépasse si je faiblis !
-Un visiteur certainement.
(très loin) – Passavant, passavant li meillor!
-Flûte, un duc de Champagne !
(plus prêt) - _ . . . . _ _ . _ _ . . _ . . !
-Mince, le morse se rapproche !

Fuyant l’imposant mammifère, ils se mirent à courir vers un point non défini. Et, éclairés par on ne sait quel instinct de survie, ils finirent par tomber sur une sorte de clairière (enfin, elle était certainement claire hier au grand jour, mais elle se trouvait pour l’instant dans un bien sombre état). Je dis bien « une sorte » parce qu’avec la nuit, ils y voyaient pas très clair. Enfin, ils se rendirent compte que plutôt que de rentrer dans des arbres toutes les vingt secondes, ils ne rentraient plus dans rien du tout, ce qui dans un premier temps (au moins deux bonnes demies heures) les étonna, avant qu’ils émettent l’hypothèse qu’ils venaient d’atterrir dans un lieu dépourvu d’arbres, donc de troncs.

Pas de bestioles enragées dans les parages, aucunes traces de quelconque spadassin non plus. Ils pouvaient donc en toute tranquillité installer ici un petit campement histoire de passer la nuit. Ils se mirent à dormir à coté du campement, mais pas dans celui-ci, de peur de l’abîmer, ce qui en soit, serait vraiment dommage, un si joli campement.

Le lendemain matin, ils se réveillèrent donc non loin de leur campement. Et comme il faisait jour, ils purent constater que leur campement se trouvait à une dizaine de mètres d’un long mur de pierres et qu’eux-mêmes se trouvaient à environ cinq mètres de ce long mur de pierres. Ils venaient de dormir au pied d’une pancarte indiquant « Bourg-Moilmou, bienvenue ». Ils avaient donc évité Jactaès et Mesan, ainsi que de nombreux ennuis (et moi de nombreux maux de crâne à chercher ce qui aurait pu leur arriver là-bas).

Ils pénétrèrent dès l’aube dans le Bourg. A cette heure-ci, il n’y avait pas un chat dans les rues. ça tombait bien, ils n’en cherchaient pas. Une pancarte portant l’inscription « club de natation synchronisée » attira un instant leur attention, puis ils se remirent en route, toujours en quête d’un quelconque indice.

C’est alors qu’ils cherchaient quelqu’un que quelqu’un les trouva.

-Hep là, vous deux ! Qu’est ce que vous faites dans la rue à cette heure? dit l’homme en uniforme d’une voie lactée.
-Euh, on se promène et on…
-Vous ne savez pas que c’est interdit de traîner dans les rues avant 10 heures du matin ?!?
-A vrai dire…

Il fallait ruser.

-Et puis, vous alors, que faites vous dans les rues avant 10 heures du matin ?
-Euh, ben, à vrai dire…
-N’avez-vous pas honte ?

La ruse avait l’air de fonctionner. Empli d’un doute, le milicien s’enfuit en courant.

Le fait qu’un affreux milicien en uniforme sillonne les rues du Bourg explique en majeure partie, pour ne pas dire totalement, le fait que ces rues étaient désertes à cette heure-ci. A 10 heures, si le milicien avait dit vrai, les rues se rempliraient. Parfait, ils pouvaient bien attendre un peu. Ils parlèrent donc pendant quelques heures durant, de natation synchronisée.



Chapitre 27 : Et des poussières.

20 03 2007

Le lendemain matin, Itaire, Rire et Martin se retrouvèrent après une bonne nuit de sommeil autour d’un copieux petit déjeuner. Le Père Colateur, religieux du coin, vint compléter la tablé et apporta par la même occasion un café de son cru, et la Mère Melade, habitante du village qui avait pour habitude de déjeuner chez le Sage vint elle aussi au rendez-vous, amenant avec elle quelques pots de confiture. Entre deux tranches de pain grillé, deux passages de pot de confiture et l’absorption de grandes lampées de thé au riz, (plat local) le Sage et le GMS purent s’échanger, non pas d’autres tartines, mais quelques mots sur le futur voyage de Rire et Martin.

-Il vous faudra aller à Jactaès, et pour cela vous devrez passer par Mesan. Attention, les habitants ne sont pas très hospitaliers. Ensuite, vous devrez continuer jusqu’au Bourg-Moilmou, c’est un faubourg.
-Un faubourg ? Ce n’est pas vraiment un bourg ?
-C’est ce que je craignais… En fait, il y a parmi les Bourgs, des vrai Bourgs et des faux Bourgs, c’est à dire des agglomérations qui ne sont pas vraiment des Bourgs. Or, parmi les faux Bourg, il y a les vrais faubourgs et les faux faubourgs. En l’occurrence, le Bourg-Moilmou est un vrai faubourg. Il y a aussi les beaux Bourg mais c’est une autre histoire. Mais il va falloir se dépêcher, on va finir par être à la bourre !
-Bougre ! Vous avez raison. Votre fils ne nous accompagne pas ?
-Non, mon fils n’est pas facile vous savez…
-Ah ?
-Mon fils il, fils il, fils il, fils il, fils il, fils il, fils il, fils il, fils il, fils il…
-Je vois, il est dix « fils il » ?
-Voilà ! En plus il tond.
-Votre fils tond ?
-Oui mon fiston tond.
-Bien…

Après avoir préparé leur baluchons, Rire et Martin partirent en compagnie du Sage, en direction du croisement De Bras. Sur le chemin, ils discutèrent de choses et d’autres. Notamment du Bourg-Moilmou.

-C’est un Bourg très réputé pour ses spectacles de faucons et la concentration de fossiles dans le sol.
-Euh, Quand vous parlez de « faucons » et de « fossiles » vous évoquez des imbéciles et des poils ?
-Non je parle des oiseaux et des cailloux, dit le Sage d’un ton sûr.
-Ah…

Après un court silence, la conversation reprit de plus belle.

-D’ailleurs, au Bourg-Moilmou, il y a un homme qu’on appelle « Monsieur » qui organise un jeu, une sorte de concours de courage, celui qui gagnera obtiendra un formidable gain.
-Hum, intéressant, quel est ce gain ?
-Sa chèvre.
-Hein ?!? La chèvre de Monsieur ? Ce gain ? Quelle drôle d’histoire!

Et puis, petit à petit, à force de discuter, il ne virent pas le temps passer et arrivèrent à sept heures tapantes devant le croisement De Bras. Itaire donna le mot sur lequel était inscrit « Rire » au GMS pour que ce dernier devienne l’heureux propriétaire de Rire. Itaire, qui était un bon maître se mit à pleurer, c’est ce qu’on nomme aujourd’hui « passer du Rire aux larmes », puis il quitta Rire à contrecoeur lorsque la forêt, d’apparence très dense et dans laquelle on ne pouvait entrer, se mit à s’ouvrir en deux.

Nos deux compères pénétrèrent dans l’immensité boisée qui se referma aussitôt, les laissant face à un néant vert.

-Et maintenant, qu’est ce qu’on fait? demanda le GMS à Rire au cas ou celui ci aurait une quelconque idée qui leur permettrait d’avancer.

Et là, alors que tous les lecteurs s’attendent à un « On fait bli » judicieusement placé, ce qui serait totalement dans l’esprit, Rire répondit plutôt un :

-On n’a qu’à… Ou alors… Peut être même qu’on pourrait…
-Bonne idée !

Alors ils n’eurent qu’à, puis à, et enfin à. Mais ensuite ? Que pouvaient ils bien faire de plus ?

-La question n’est peut être pas « que faire ? » mais plutôt « où faire ? », pensa tout haut le GMS dans un élan de génie (dirons-nous).
-Hum… peut être bien.
-On à qu’à faire ailleurs.

Alors ils s’en allèrent ailleurs, c’est à dire plus loin, soit moins près, donc en définitive autre part. De toute façon, ici il n’y avait rien, autre part ça ne pouvait être que mieux. Ca ne manqua pas, plus loin il y avait moins que rien. Des arbres à perte de vue. Mais n’écoutant que leur courage, les deux braves compagnons avancèrent encore, cheminèrent toujours, marchèrent davantage, le tout vers un point hélas non défini.

Où allaient-ils bien pouvoir atterrir ? Dans quel guêpier étaient-ils en train de se fourrer ? Et si soudain un orchestre philharmonique jaillissait brusquement de derrière les fagots ? Vous le saurez au prochain chapitre.



Chapitre 26 : La distance standard entre 2 rails de chemin de fer aux US est de 4 pieds et 8,5 pouces.

20 03 2007

Ce n’est que le lendemain matin que le GMS découvrit qu’il était le nouveau et heureux propriétaire de la demi paire de chaussette tomenteuse. Ô douceur ! Ô espoir ! Ô jeunesse amicale ! En effet, le matin c’est avec une chaussette en guise de doudou qu’il s’éveilla.

Qu’importe la façon dont il l’avait récupérée, il l’avait récupérée. Et à présent, il devait partir au plus vite de la commune pour ne point faire d’histoires. Il se mettrait donc dès aujourd’hui à courir après le dernier artefact.

L’ultime objet de sa divine quête se trouvait actuellement dans la forêt de… Broche-et-Viande. L’artefact était gardé par Merlin l’embrocheur, puissant mage disait-on. Du moins plus puissant que Râ.

La forêt se trouvait au Nord, au Sud, à l’Ouest et à l’Est d’une région située au Sud des Terres du Nord. La région hostile et quasi-déserte des Terres du Coté, elle, était peuplée de quelques étranges personnages qui haïssaient tout le monde, les gens du Nord (car le Nord ment), de l’Ouest (car l’Ouest terne) et de l’Est (car euh… l’Est incteur…). Ils haïssaient même les gens du Sud car un fameux cartographe du Sud avait un jour retourné une carte, les habitant du Sud étaient alors au Nord. C’en était trop, les gens du Sud haïraient tout le monde, même eux-mêmes.

Pressé de rencontrer tout ce beau monde, le mouton se hâta de se mettre en route pour la forêt de Broche-et-Viande, jouxtant la forêt de Douze. Merlin l’embrocheur… il allait affronter Merlin l’embrocheur, le roi des magiciens, le roi Merlin comme ils l’appèlent entre eux, ces vieux croûtons à barbichettes vêtus de robes colorées. L’adversaire sera de taille [et plus de taille membre que de taille-crayon (enfin c'est ce que nous craignons)].

Mais avant de partir (il faudra bien te couvrir) le GMS décida d’aller consulter le Sage du village (d’ailleurs ledit Sage habitait à l’extérieur du village, dit-on alors « le Sage du village » ou « le Sage de l’extérieur du village » ?). Il arriva donc devant la maison du Sage Itaire.

Le Sage Itaire l’accueillit avec le saoul Rire.

-Ne faites pas attention à lui, c’est mon assistant, dit-il en désignant Rire.
-Enchanté, dit-il en les saluant tous deux.
-Que souhaitez-vous savoir, demanda le Sage ?
-J’aimerais avoir quelques informations sur la forêt de Broche-et-Viande.
-Hum, je vois. Mon fils, Louis, est plus calé que moi sur ce sujet. Rire, allez me chercher mon fils dans sa chambre, s’il vous plaît.
-Oui maître.

L’homme s’exécuta et commença à gravir les marches de l’escalier. Le mouton se demanda si les seize marches n’étaient pas de trop pour le larbin bourré.

-Êtes-vous certain que dans son état actuel votre domestique va réussir à grimper ces marches, s’inquiéta le gentil GMS ?
-Laissez-moi vous expliquer. Rire est une créature magique donc extrêmement résistante, il m’a été offert par un ami Mage pour mes cinquante ans. Il vit grâce à un morceau de papier sur lequel est écrit son nom. Le possesseur du mot est le maître de Rire (dit-il avant de se mettre à rire de manière machiavélique). Or, j’ai toujours le mot pour Rire.
-Impressionnant.
-N’est-ce pas. Hélas, dans quelques jours je vais devoir m’en aller finir ma vie en ermite comme tous les sages.
-C’est en effet là une bien sage décision.
-Malheureusement, je ne pourrais pas emmener Rire avec moi… Je serais obligé de l’abandonner en forêt.
-Vous voulez rire ?
-Je n’ai guère le choix. A moins que…
-Que ?
-Vous voulez Rire ?

Mis à part la communauté de l’agneau, le GMS avait toujours fait route seul (et encore, l’utilité des mercenaires reste aujourd’hui largement contestée par les historiens). Une aide extérieur ne serait pas de trop, la route seul c’est ennuyeux.

-Mais, une fois que je n’aurai plus envie de Rire, que se passera t-il ?
-Ce sera bien triste…
-Hum… Devrais-je l’abandonner ?
-Vous n’aurez qu’à le laisser à quelqu’un qui en aura besoin.
-Alors j’accepte.

Et pendant que l’on s’occupait à le marchander, Rire descendit bruyamment les escaliers.

-Maître, Louis dort.
-Sacré somme. Il est 10h45 pourtant…

Le Sage tendit une belle pomme à son domestique pour le remercier.

-Merci, maître.
-Il n’y a pas de quoi, Rire.

Le larbin s’en alla dans une pièce à coté du salon. Le GMS et le Sage montèrent alors les escaliers pour aller réveiller le dormeur. Devant là porte, on pouvait lire « Open the porte / Ouvrez la door ». De toute évidence le fils était bilingue (ou complètement décalé) (notons que ce détail n’est d’aucune utilité pour le bon déroulement de cette histoire). Avant d’entrer, le Sage dit au mouton qu’il portait une affection hors du commun pour son fils.

-Vous comprenez, je ne vois plus Claire, ma fille. Je ne souhaite pas perdre Louis.
-Aveugle et sourd sont deux affreux handicaps.
-Non, Claire et Louis sont deux enfants…
-Autant pour moi, je suis désolé, avec cet entonnoir je ne comprends pas tout.

Ils pénétrèrent dans l’antre du fils. Louis dormait paisiblement dans son grand lit. La chambre était superbement décorée, effectivement le Sage tenait à son fils. Mais se dernier tenait à dormir encore un peu. Itaire le réveilla doucement. Et le pria de venir déjeuner en la compagnie du mouton. A peine grognon, Louis se leva et descendit avec eux.

-Fils, ce mouton a besoin de tes connaissances sur la forêt de Broche-et-Viande.
-Eh bien… C’est une vaste étendue de terrain couverte d’arbres, on y trouve quelques hêtres…
-Des êtres maléfiques ?
-Non, des arbres forestiers de grande taille, à écorce lisse gris clair et à feuille ovale.
-Ah oui.
-… mais aussi des saules pleureurs…
-C’est bien triste.
-… et enfin des érables.
-Quelle veine.

Les joyeux personnages parlaient et mangeaient pendant que Rire était enfermé dans son atelier de peinture où il dessinait un énorme sourire de couleur jaunâtre. Il les interrompit un instant en leur présentant son oeuvre achevée et baptisée « Rire jaune », ils le félicitèrent puis reprirent la conversation.

-Bien, et y a t-il une façon spéciale d’aller à cette forêt ?
-Effectivement à une certaine heure dans la journée un chemin apparaît. C’est celui qui mène à la forêt de Broche-et-Viande. Vous devrez donc vous trouver à l’endroit où le chemin doit apparaître à l’heure à laquelle il doit apparaître.
-Parfait. Quel est cet endroit et à quelle heure devrai-je m’y trouver ?
-Vous devrez être devant le croisement De Bras au Nord de notre maison, à sept heures six.
- A sept heures six, je devrais me trouver au croisement De Bras.
-Oui, à cette heure précise.
-Hein ! Mais faudrait savoir, sept heures ou sept heures six ???
-Sept heures six voyons c’est clair.
-Vous m’embrouillerez…
-Vous n’êtes pas bien fin non plus. Mais, restez dormir cette nuit…
-Je ne veux pas partir dans une semaine !
-Il est franchement débile ce mouton, dit Itaire en se tournant vers son fils et Rire.
-Ce que veut vous dire mon père c’est que la nuit prochaine vous pouvez rester à la maison et que demain matin nous irons avec vous à la croisée des chemins.
-Vous êtes trop bon. (Certain linguistes affirme que c’est de là que vient l’expression « Trop bon, trop con », quand à moi je n’en sais rien)

Tant bien que mal ils finirent par se comprendre, demain Rire et Martin partiraient en direction de la forêt de Broche-et-Viande.



Chapitre 25 : Le retour de la mamie.

20 03 2007

Le soir, alors qu’il pénétrait paisiblement dans sa chambre, il vint à l’idée d’une planche de se placer délicatement sous la patte avant du GMS. Cela eut pour conséquence de le faire trébucher, ce qui eut pour conséquence de le faire tomber par terre, ce qui eut pour conséquence de faire en sorte que d’un coup, son sac à objets magiques se renverse sur le sol, il se rendit alors compte, alors qu’il contemplait les objets étalés au sol, qu’il n’y en avait que six, or on lui avait dit qu’il devait en trouver sept virgule cinq, et on lui avait aussi dit que le demi artefact qu’il cherchait actuellement était le dernier. Après un rapide calcul, il remarqua que la somme des artefacts et du demi artefact ne faisait que six virgule cinq.

Il comprit aussitôt qu’on s’était bien foutu de sa gueule et que bientôt on lui demanderait d’aller chercher un dernier artefact après avoir trouvé le prétendu dernier. Mais il n’était pas dupe (il était Martin), il ne se laisserait pas faire. Il gagna alors les cuisines de la Taverne et se mit à préparer une omelette.

Cette fois-ci, ce n’est pas une apparition en maillot de bain qui fit irruption dans la pièce, mais un bouc tout de gomme vêtu. Quelques explications s’imposèrent :

-Enchanté, je suis Bouc Rosboutrosghali, je suis l’émissaire de l’apparition.
-Et que me voulez-vous monsieur le bouc émissaire ?
-Je vous apporte un bouquet de la part de mon maître, il y a joint une carte, seul ce dernier sait ce qu’il y est écrit (note pour le lecteur imbécile : étant donné que c’est lui qui a écrit la carte).
-Mais que contient donc ce bouquet mystère ? S’interrogea le mouton.
-Ah Ah ! Mystère et bouc de gomme.
-Mais si, avouez ! Vous savez ce qu’il contient ! Dites-le moi je veux savoir !
-Mais non je vous assure je n’en ai pas la moindre idée.
-Ah mais ce bouc a nié ! Et en plus il est moche.
-Eh oui je suis le bouc moche.
-Hein ?!?
-Euh le bouc laid.
-Ah oui, vous êtes bouclé. J’espère ne plus jamais revoir un être tel que vous.
-Sachez que nous sommes des centaines et je ne suis que le bouc un.
-Ah, misère de bouc !
-Je dirais même plus, bouc et misère.
-Mais d’où peut bien provenir une aussi répugnante créature ?
-Je viens d’une étrange planète, en fait celle-ci n’est composée que d’une demi sphère, on l’appelle la bouc hémisphère.
-Bon et bien merci bouc ou…

Agacé, le bouc s’en alla aussi vite qu’il était arrivé laissant le GMS à sa lecture :

« Cher mouton,

« Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m’avez fait un jour, d’avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu’ici, est menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches ? » (Zola)

En effet si vous ne récupérez pas le dernier artefact, vous qui êtes parvenu jusqu’ici bravant mille dangers, un immense déshonneur s’abattra sur vous.

Je me dois de vous prévenir que ce dernier est bien plus difficile à récupérer que les autres avant lui. Il se trouve dans la forêt de Broche-et-Viande.

Veuillez agréer monsieur, l’expression de mes sentiments distingués. »

Enfin, on lui avouait l’existence de ce septième artefact. Mais c’est bien joli tout ça, il était déjà sur la piste d’une chaussette… Il décida d’aller se coucher, la journée avait été déjà bien assez rude comme ça. Demain , il réfléchirait à cette chaussette et à cet ultime artefact.

Alors qu’il dormait d’un sommeil de zinc, une odeur pestilentielle, agréable et vinaigrée vint irriter ses cavités nasales ainsi que ses zones pharyngiennes (déjà fortement engraissées par un dépôt de matière adipeuses). Quel était donc cet étrange remugle ?

L’émanation puante le sortit de son lit et il se dirigea en direction d’une petite bâtisse entièrement construite de briques et de feuilles de choux, le tout dans un état de profond somnambulisme.

Toujours somnolant, le mouton entra dans la maison où dormait, lui aussi, José Paledire. Sur la table de chevet du petit être ronflant, se trouvait une demi paire de chaussettes tomenteuses. Alors qu’il s’approchait de ladite chausse en laine de zébu des Monts Tipython, une voix retentit dans l’obscurité de la pièce, venant rompre le lourd silence qui y régnait :

-Pour pouvoir vous emparer de cette chaussette, il vous faudra prononcer trois fois la phrase suivante : les ssaussettes de l’arssi dusseche. Hum… les socquettes de l’archiduc sec. Non, les rillettes de l’ami du chef. Ah horreur, enfer et dalmatiens, j’aurai dû écouter ma mère et devenir caissier chez Rumène.

Laissant la voix geindre sur sa triste destiné, le GMS s’empara de la chaussette et regagna sa chambre le sourire aux lèvres.



Chapitre 24 : Le chasseur de bestioles sacrées qui avait l’air sympa et un fusil dans le dos.

20 03 2007

Descendant maladroitement la Monté Cristo en sens inverse (en d’autre termes grimpant avec adresse vers l’Est du pays), le GMS ne savait guère où il allait. Cela dit, il savait où il n’allait pas et c’était déjà ça. Il passerait sûrement par Topinan-Bourg où il pourrait se reposer quelques jours et passer le bonjour à ses amis (et aussi dire « Tavernier une cervoise bien tiède s’il vous plaît »).

Il marchait, marchait et marchait encore et encore, durant de longues minutes, de longues heures, de longues journées sur un sentier mal entretenu. Plus il avançait et plus il était fatigué. Il eut alors une idée de génie : il allait se mettre à reculer pour être moins fatigué, pensant que s’il se fatiguait dans un sens il se reposerait dans l’autre. Après quelques malheureuses rencontres avec les arbres et autres objets placés sur les routes du pays pour embêter les passants souhaitant se reposer, il finit par atteindre un haut niveau de reculement en déplacement.

Il marchait à reculons, marchait à reculons, et marchait à reculons, encore et encore. Il gagna Topinan-Bourg en fin de journée et passa donc voir la maire de la ville. Ces derniers discutèrent des heures entières, parlant de tourisme rurale, équitable, durable, mais, fatigué par tant de marche le GMS dût expliquer à Michel qu’il devait se reposer et que le lendemain il reprendrait la route, ce qu’il sembla bien comprendre.

Et le lendemain matin donc, il partit comme prévu vers l’Est, destination finale de son pèlerinage (sans même avoir pris le temps de passer dans une taverne). D’ailleurs il se mit à penser que, peut être, (je dis bien peut être) le sept virgule cinquième artefact se trouvait au Sud. Existe t-il un meilleur endroit pour un sept virgule cinquième artefact que le Sud d’un pays ? Il le saurait bien assez tôt, du moins c’est ce qu’il pensait. Mine de rien, tout en pensant il marchait, tout en marchant il avançait, tout en avançant il approchait de sa destination.

Il marchait encore et toujours (notez que la distance entre l’Ouest et l’Est du pays est assez conséquente), quand il fût abordé par un étrange individu. étrange dans le sens ou ce dernier était humain, et n’était pas petit, ni vert à pois mauve, ni même manchot ascèle et tétraplégique, la folie n’était pas physiquement perceptible non plus. Lui qui avait rencontré des dragons cul-de-jatte, des lutins mangeurs d’êtres vivants, des paysans constipés, des religieux accrocs à la belote, des fous et autres créatures toutes plus louches les unes que les autres, il tombait là, face à quelqu’un avec un semblant de normalité. Tout ces éléments réunis, le GMS ce méfia.

-Euh…Bonjour noble voyageur.
-Bien le bonjour. (La voix de l’homme était banale à souhait)
-Que faites-vous donc seul sur ce chemin ?
-Je me rends à Topinan-Bourg, vous connaissez ? (Aucune agressivité dans la voix)
-J’en viens, faites attention le chemin est chaotique. (En revanche, il y a agressivité dans la voie)
-Merci du conseil. (Il le remerciait en plus, de plus en plus louche ce mec)
-Mais de rien c’est tout naturel. Et qu’allez-vous donc faire à Topinan-Bourg ?
-Je me rends chez ma grand-mère lui apporter une galette et un petit pot de beurre.
-Charmante attention.
-N’est-ce pas.

C’est alors que le GMS se rendit compte que l’homme n’avait pas dit son nom.

-Au fait, nous ne nous sommes pas présentés, je suis Martin Gale le Grand Méchoui Sacré !
-Et moi Rémi Nicence, je chasse les êtres divins.

L’homme sortit alors de derrière son dos un énorme fusil de chasse. Le GMS, pris de panique, courut dans n’importe quelle direction, en ne se retournant pas. Derrière lui, des coups de feu tonnaient. Il courrait, accélérait, bondissait, détalait, cavalait à toute vitesse, le diable à ses trousses. Des coups de feu tonnaient encore. Et il filait dans une direction Sud Sud-Est. Ne sachant où se cacher, il continua de courir.

Il courait, courait et courait encore et encore, durant de longues minutes, de longues heures, de longues journées. Si bien qu’au bout d’un moment les coups de feu tonnaient quand même beaucoup moins, voire pas du tout. Et cela faisait d’ailleurs sûrement une bonne journée qu’ils ne tonnaient plus. Le GMS avait couru sans cesse durant trois jours. Trois jours de course, c’est suffisant pour parcourir un bon nombre de kilomètres, en tout cas suffisant pour arriver devant une pancarte indiquant « Commune d’ètanversmonbanquier ».

Ne se posant pas de questions, le GMS entra dans la taverne la plus proche, à savoir « La Taverne D’Alibaba », mignonne petite bâtisse de pierres. Il y pénétra donc sans hésiter et commanda au tavernier :

-Une cervoise bien tiède s’il vous plaît !



Champignon 23 : Il n’était pas méchant mais honnête (calembour).

20 03 2007

Non peu loin de là (loin de là, en somme), dans la charmante, la pittoresque, la folklorique, sudiste commune d’ètanversmonbanquier, un événement peu particulier (non non peu particulier en somme) allait comme tous les jours se produire. En effet, le brave José Paledire allait accomplir une tâche à la rudesse sans nulle autre pareille identiquement semblable et réciproquement. Celui-ci s’apprêtait, malgré son nanisme, son absence de membre supérieur ainsi que son unicité pédestre, à enfiler avec courage, acharnement, ardeur, audace, baroudisme, bravoure, casse-cousme, confiance, détermination, énergie, fanatisme, fanfaronnerie, fermeté, fierté, force, grandeur, héroïsme, impétuosité, intrépidité, mérite, noblesse, patience, persévérance, piété, stoïcisme, témérité, vaillance, valeur, virilité, volontarisme, et zèle son unique mis bas tomenteux.

Après nombres d’efforts dentesques (non pas en rapport avec Dante mais bel et bien avec sa dentition étant donné que le pauvre homme était réduit à enfiler sa chaussette avec les dents [encore heureux qu'il était unijambiste, ça faisait toujours une jambe de moins à chausser]) répétés moult fois, il finit enfin par accomplir sa tâche vestimentaire (vive Ajax bien sûr).

Ce qu’il ne savait pas encore, c’est que loin de cette joyeuse caparaçonnade, un mouton n’aspirait qu’à l’obtention de son précieux bas de laine de zébu des Monts Tipython, et se dirigeait dans une direction tout à fait opposée à la sienne, ce qui lui aurait laissé le temps de s’exiler au Pérou s’il avait su. Mais il ne savait pas ! De plus, il n’avait aucunement l’envie de se rendre au Pérou.



Chapitre 22 : La réalisation de la prophétie des Phares aux Pruneaux, Gramdiadipadoum (son d’un saxophone en rut).

20 03 2007

Le GMS se hâta d’aller au Phare Yngolaryngite, là-bas il n’aurait qu’à déposer le fruit sur l’autel et attendre l’heure dite. Bientôt, il serait en possession de six des sept virgule cinq artefacts. Il se remémora sur le chemin tout ce qu’il avait accompli jusqu’ici. Après avoir repensé à toutes ses récentes aventures, il arriva au pied de l’édifice. Lieu sacré, lieu de recueillement, lieu tenant, lieudit « La Sainte Enceinte ». Il pénétra dans la Sainte bâtisse. Le phare ne comportait qu’un seul étage mais il était tout de même d’une impressionnante hauteur.

En face de lui se trouvait l’autel, grand rocher monolithique sortant du sol. Il y déposa la Baie de Room et resta devant à attendre. Soudain, (tindintin tiadibadiadoum des danseurs de claquettes trombonistes envahissent la scène… Bon d’accord, on arrête, promis) un rayon de soleil passa à travers les vitraux et éclaira de sa verte lumière la baie religieusement posée sur l’émergeant bloc de pierres. Un nuage de fumée remplit soudainement la pièce et qui voilà (?) : la projection pseudo-cérébro-schyzophrènique de l’esprit du mouton, en kilt (notez qu’aucune omelette ne vagabondait dans les parages, chose étrange).

-Eh bien ! Comment va notre jeune messie ?
-Plutôt bien, je m’apprêtais justement à me procurer un artefact quand vous êtes apparue…
-Je sais bien. Je suis venue te donner en main propre ce divin objet.
-Et quel est donc le prochain bidule que vous allez me mettre entre les pattes ?
-Savez-vous qu’une fois ce bidule, comme vous dites, entre vos mains, vous n’aurez plus qu’un demi artefact à récupérer et votre mission sera considérée comme terminée ?
-Oui, je sais, et c’est pour ça que j’aimerais bien arrêter de tourner autour du pot et de savoir à quel truc béni, quelle sacro-sainte chose, quel céleste machin, je vais avoir affaire.

-Bien, bien. Je vais vous le donner ce précieux artefact.
-Merci à vous.

On ne sait par quel tour de passe-passe, la divine silhouette humaine fit apparaître, devant le mouton ébahi, une sorte de flûte à moitié ronde. Comprenez qu’après tout ce qu’il avait vu jusque là, le GMS ne fut qu’à moitié étonné par sa nouvelle acquisition.

-Voici le Pipeau Hémicylindrique. C’est un artefact très très ancien. Symbole de la poésie pastorale de Dol. Ce champêtre objet vous permettra l’accomplissement de votre ultime mission.

- Eh bien! Après un entonnoir, un ongle, un débouche chiottes, un escabeau, un parpaing, voici venir un flûtiau. Sur quel bizarroïde objet je vais bien pouvoir tomber après ça ?
- Hey Hey ! Moi seul le sait.
- Et je suppose qu’avant de partir (il faudra bien te couvrir) dans un torrent de feu vous allez me laisser seul avec un indice aussi dodu qu’un cure-dents.
- Je ne peux hélas te contredire mon bon ami.
- Je m’en doutais presque…
- Ceci dit, je peux aussi partir tout de suite te laissant dans une ignorance totale.

N’ayant nullement envie de passer des années à racler le territoire de fond en comble pour y dénicher des indices lui permettant d’en finir avec sa mission, le GMS accepta que le spectre en jupette lui délivre son précieux indice.

-Bon, alors cet indice?
-Le prochain artefact est un peu particulier.
-Pour changer…
-Et il est aussi un peu plié.
-Bah voyons…
-Il est couramment en paire mais celui-ci est unique, on ne lui connaît pas de double, et on ne sait pas pourquoi. Normalement, il devrait être en laine, mais celui-ci est poilu.
-Bref je cherche quelque chose qui se veut être identique à une autre chose qui n’existe pas. Objet velu qui plus est.
-C’est à peu prêt cela oui.
-Ô joie.
-L’artefact dont nous parlons actuellement ne se trouve dans aucun des endroits que vous avez visité jusqu’ici.
-Ah bah ça m’aide grandement ça. Il me reste plus qu’à fouiller tout le Sud et tout l’Est du pays. En route alors…
-Courage !

Laissant le GMS à sa réflexion mûrissante, la projection s’en alla rapidement dans un tourbillon de flammes, pour ne pas malmener la coutume.

Sorti de l’enceinte du bâtiment, l’ovin rouge (calem… non c’est pas grave laissez tomber) d’émotion, contempla sa flûtine. A quoi diable pourrait servir cet amas d’objets divins, cette incohérente collection de reliques? Pour le découvrir le GMS devait d’abord récupérer un objet des plus mystérieux. Quel pouvait être cet objet qui s’était vu privé de son clone déontique pour des raisons inconnues ? Objet poilu par dessus le marché.

S’arrêtant un peu de penser à sa mission et à cet étrange et ultime artefact, notre mouton songea à faire une petite pause, un peu de repos ne lui ferait pas de mal et l’aiderait sûrement à se rafraîchir les idées. Idées qui se bousculaient déjà dans son encéphale à la contenance restreinte. Tout était imaginable, des demies paires de fesses à la pilosité non négligeable aux semis chaussures à poils ras.

La nuit tombait, et tombait bien. Demain il quitterait Dol, il avait étudié les possibilités qui s’offraient à lui. Dol mène au Sud par un petit chemin sinueux, tortueux, en zigzag que l’on appelle couramment la Descente de Lit, et à l’Est par une pente raide que l’on peut gravir à raison de nombreux efforts, La Monté Cristo. Préférant la facilité le GMS décida de commencer par grimper la Monté Cristo, se disant que de toute façon, un chemin qui monte n’est rien d’autre qu’un chemin qui descend mais en sens inverse (notez la bilatéralité de la chose et la réciprocité du contraire).