Chapitre 15 : La légende du jeune marchand d’épices ayant atteint ses vingt ans et qui pourrait par conséquent accompagner son père dans un voyage à but commercial et lucratif (et ainsi me permettre de faire une jolie mise en abîme).

20 03 2007

Il était une fois, un jeune marchand d’épices de Calan. Celui-ci ayant atteint ses vingt ans pouvait enfin, et pour la première fois, accompagner son père jusqu’à la Bourgogne lointaine où ce dernier se rendait régulièrement afin de vendre (à fort bon prix) le fruit de ses récoltes. Ils partirent donc par un matin brumeux sur la grande route du nord. Seulement, le fils si excité d’entamer ce périple ne pouvait retenir sa joie et courait, chantait, sautait, bref, exaspérait son père qui ne tarda pas à le lui faire comprendre. S’ensuivit un très long dialogue exagérément chargé de « tu sais, dans la marine… », « Bouhouhou », « moi aussi à ton âge je… » « Bouhouhou », « Mais les ordres sont les ordres et… », « La liberté des reins s’arrête là où commence celle des os… ». Malheureusement, le jeune homme était très susceptible et dès qu’il le put, il s’engouffra dans les bois Teucommuncanard afin d’échapper à l’autorité paternelle excessive et infondée (c’est dégoûtant, oui !). Son père ne s’inquiéta pas, pensant que le jeune effronté allait revenir d’un moment à l’autre. Mais les jours passaient et « le jeune effronté » ne revenait pas. On lança donc un avis de recherche… sans résultats, puis on fit le deuil du mort… qui ne l’était pas.

En effet, quelques années plus tard, un mystérieux individu se pointa au village. Il revêtait un étrange costume : chemise jaune, pantalon rouge et des souliers cinq fois pointus à l’avant. Il disait avoir été accueilli par « des petits êtres de la forêt ». Certains le crurent fou, d’autres crurent à une mauvaise blague. Or, il faut savoir qu’à l’époque, on n’aimait ni les fous, ni les blagues (mauvaises ou bonnes d’ailleurs). En revanche, on adorait les exécutions. Il y eut tout de même encore une fois dispute : alors que certains voulaient le voir pendu, d’autres exigeaient qu’on le décapite. Heureusement, le maire de Calan, homme universellement reconnu pour sa bonté et sa justice, régla ce conflit indécent et sordide en déclarant, sous les ovations de la foule en délire, que le condamné serait décapité puis pendu (par les pieds, cela va de soi). Tout le monde se réconcilia et l’on organisa un grand festin en l’honneur du maire.

De nombreuses années plus tard, on retrouva de petites empreintes autour de la forêt, on ne sut jamais d’où elles provenaient, mais on renomma les bois Teucommuncanard bois maudits et l’on dit que d’horribles créatures mangeuses d’hommes, de moutons, d’oiseaux et de toute autre créature vivaient dans cette forêt.

Moralité : Rien ne sert de se disputer pour des motifs aussi futiles et sans importance qu’une exécution, mieux vaut faire des compromis et rester bons amis.


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