Chapitre 10 : Malaxer le beurre dans un bol de manière à le rendre facile à mélanger.

19 03 2007

On ne savait pas si le vieux barge est un proche parent du Mage Râ, mais sa maison était dans un état assez semblable, pour ne pas dire pire encore… Imaginez un peu le désastre ! A l’entrée un écriteau annonçait clairement la couleur : « Tire la chevillette et la bobinette cherra ». Il allait en voir des vertes et des pas mûres notre mouton. Mais là il se doutait que ce serait une pas mûre. Pas mûre du tout. Mais il fallait avancer.

Il tira la chevillette et la porte s´ouvrit. Un vrai désastre cette…ce…ces… ruines. Le GMS avait devant lui, des pierres, des tableaux décrochés des murs, des meubles cassés, des vases brisés sur le sol, et une boite aux lettres. Que vient foutre une boîte aux lettres ici, bon sang ? Le mouton se rappela qu’en rentrant dans la ville, près de là où était posté le garde fou, se trouvait aussi une boîte aux lettres, était-ce un présage ? Comment se faisait-il que des boîtes aux lettres fussent là, à coté de dégénérés du bulbe rachidien ? Que de questions ! Quoi qu’il en soit un homme était apparu pendant que le GMS explorait du regard ce qui l’entourait.

-Wazgaga !

Ce n’était pas gagné.

-Bonjour monsieur.
-Glapediflop.

Le GMS désespéré sortit de son sac de quoi casser la croûte, il se dit que le ventre bien plein, tout irait mieux. Le Calan-dos, un bon vieux fromage de Calan-Bourg, rien de tel pour retrouver des forces. Le GMS déposa les croûtes à coté de lui, c’est à cet instant que les yeux du vieux fou s’illuminèrent, il sauta sur les croûtes de fromage. Le mouton les lui ôta des mains pour voir, mais rien n’y faisait, l’homme voulait ses croûtes, croûte que croûte. Notre gentil mouton les lui donna, ce qui fit apparaître un grand sourire sur son visage ridé :

-Merci, dit le vieil homme avant de se remettre à mastiquer. Chroump Chrump.
-Mais alors, vous parlez ?
-Seulement quand on me nourrit de croûtes de fromage.
-On aura tout vu, dit le mouton à voix basse.
-Vous cherchez quelque chose peut être ? Puis-je vous être utile ?
-Eh bien maintenant que vous le dites, je cherche l’escabeau de Bourgogne magique. Et donc je souhaite connaître l’incantation allographique.
-Ah, Ah, Ah, Ah, Ah ! L’incantation allographique ! Eh bien vous êtes fort courageux jeune mouton. Personne ne s’est jamais risqué à la chercher.
-Et pourquoi donc ?

Il ramassa encore quelques miettes de fromton.

-Parce que personne ici n’arrive à comprendre quoi que ce soit à ces allographes, et que moi, j’ai passé l’âge d’aller me balader en forêt.
-Et si je vous donnais d’autres croûtes vous m’aideriez ?
-Pour sur mon bon seigneur !

Ils firent donc un marché. Le vieil homme lui dit où se trouvait la maison de l’un des Trois Abbés, gardien de l’incantation allographique permettant de réveiller la véritable nature de l’éventuel escabeau magique. Ils étaient tous les trois dans trois maisons différentes au milieu de la forêt Faireci. Chacun d’eux possédait une partie de l’incantation. Le GMS décida alors de partir en quête du premier des Abbés, l’Abbé Vu. L’Abbé Vu avait un don, il était devin. Il voyait souvent des voyantes voyant des voitures à Venise, voyez-vous ? Bon. Comme c’était le premier des Abbé, c’était aussi le plus proche.

Après une bonne heure de marche dans la Forêt Faireci, notre aventureux mouton se trouva nez à nez avec la maison de l’Abbé Vu. Petite maison de forêt, elle était en pierre et en bois principalement. Devant la maisonnette de pierres se trouvaient trois allées. Notre premier Abbé était là, tranquillement installé devant son domicile habillé comme un curé, à bêcher les allées. Les allées était moches il fallait les entretenir car nous savons tous que l’abbé ne supporte pas la laideur quand il est en curé ! Mais à la vue du mouton, l’homme s’arrêta, apparemment surpris.

-Bonjour noble ovin. Que viens-tu faire ici ?
-Bonjour monsieur l’Abbé. En fait, je suis à la recherche de l’escabeau de Bourgogne. On m’a dit qu’il fallait une incantation allographique, et que vous en connaissez une partie. Est-ce vrai ?
-Oui c’est vrai. Mais cela ne veut pas pour autant dire que je vais te la donner comme ça, sans rien en échange.
-Je vois, dit le GMS. Et que dois-je faire ?
-Je vais allez me cacher. Une fois caché, j’enverrai mon garde Rob venir te chercher, il te donnera un arc et des flèches. Il t’indiquera ce qu’il faudra que tu fasses ensuite. Acceptes-tu ?
-Bien entendu.
-Alors c’eeeest parti !

L’Abbé Vu se précipita alors dans les profondeurs des bois. Très vite on ne le vit plus. C’est alors qu’un homme sortit de la maison, visiblement prévenu à distance par l’Abbé. Il tenait une bête en laisse. Il demanda au mouton si celui-ci était prêt. Notre fier GMS répondit que oui ! Il était prêt. Alors l’homme lui dit :

-Baise-là vite, et envoie la bite à laver.
-Hein ? s’exclama notre mouton étonné.
-Euh, vise la bête, et envoie-la vite à l’abbé !

C’est alors que l’homme tendit l’arc et les flèches au GMS qui les prit. Il lâcha la bête en liberté une fois les instruments dans les pattes du mouton. Encore un peu étonné ce dernier mit quelques minutes avant de partir, les idées à nouveau claires. Il chargea la bête en hurlant. Il décocha une première flèche qui se plantant dans le tronc d’un arbre malchanceux. La deuxième frôla l’animal de peu. A la troisième et dernière flèche, notre mouton se dit que c’était là sa dernière chance de pouvoir ramener la bête à l’Abbé. Il banda l’arc et, au moment où il allait tirer il trébucha, la flèche se planta alors par miracle dans la cuisse de l’animal qui se mit à hurler de douleur. Malheureusement, la bête était solide, elle continua à courir un peu devant son poursuivant. Le GMS ramassa alors une pierre par terre, qu’il jeta avec puissance ! Elle toucha sa cible qui s’écroula sur le coup.

L’animal sur le dos, le GMS se mit en quête de l’Abbé Vu. Il le trouva derrière un arbre à jouer aux cartes avec deux autres religieux. Il jeta la bête aux pieds des trois hommes en calottes. Imaginez-les un peu en curé, avec une calotte, quel spectacle ! Ils furent tout de même étonnés de voir arriver un mouton en plein milieu de leur partie de belote. L’Abbé Vu fut lui surtout surpris de voir arriver un mouton, en possession de la bête lâchée par Rob, en plein milieu de sa partie de belote.

-Euh… Congratulations jeune mouton, voilà qui est étrange, personne n’a jamais réussi à attraper cette bête (c’est peut être parce que personne n’a jamais cherché à le faire), comment avez-vous fait ?
-C’est venu tout seul, je suis tombé, la flèche est partie se planter dans sa jambe. Cela ne suffit pas, mais je lui ai jeté une pierre, elle s’est écroulée net.
-Bien, bravo ! Laisse-moi te présenter l’Abbé Cédé, et l’Abbé Mouspapam. Ce sont les deux autres gardiens allographiques. Laisse-nous nous concerter deux minutes veux-tu.

Le mouton acquiesça et alla quelques mètres plus loin pour les laisser discuter entre eux. Et après deux minutes effectivement, ces derniers appelèrent le mouton à les rejoindre.

-Tu nous as tous les trois épatés. Personne n’a jamais réussi ce que tu viens d’accomplir avec aisance. Pour te montrer notre gratitude, voici l’incantation toute entière.
-L’Abbé Vu : 3AB !
-L’Abbé Cédé : OQP !
-L’Abbé Mouspapam : HIÉ !
-Le GMS : 3AB OQP HIÉ ! C’est bien cela ?
-Les Abbés : C’est ça, maintenant va et laisse-nous finir notre belote.
-Le GMS : Merci à vous.

Heureux et fier comme un coq ovin ! Le mouton s’en alla rejoindre Topinan-Bourg.