Chapitre 28 : Ce chapitre a strictement à voir avec la natation synchronisée.

20 03 2007

Marchant encore et encore dans cette maudite forêt (à ne surtout pas confondre avec la « Forêt Maudite » car il faut ici comprendre l’expression maudite forêt comme on aurait aussi pu dire « maudite pas que vous croyez réellement que les Frères Jacques étaient un boys band américain des années 80 ? » ou plus simplement « maudite cafetière », notez la subtile nuance), nos deux amis ayant pour but d’atteindre le Bourg-Moilmou semblaient bien désemparés. C’était sans compter l’arrivée d’un morse sauvage. Car en effet, alors qu’ils erraient au beau milieu des arbres, un morse des bois (animal rare j’en conviens, mais rare n’est nullement synonyme d’inexistant) s’imposa à eux.

Le passage qui suit est en morse et, j’en suis vraiment désolé, mais nous n’avons pas trouvé d’interprète adéquat (ni ailleurs) :

- _ . . . _ _ _ _ . . _ _ _ _ _ _ . . _ . _ .
- Pardonnez-nous, nous ne comprenons pas un mot de ce que vous dites.
- _ . _ . . _ . . . _ . _ _ . . . . . . _ .
- Très bonne question…
- . . . _ _ _ _ . . _ . . . _ . _ . _ _ _ . . _ . . . _ . _ _ . .
- Continuez tout droit, tournez à gauche et vous trouverez une très bonne boulangerie.

Ceci étant dit, ils s’en allèrent très très vite, laissant le morse sauvage à sa réflexion. C’est alors qu’ils se rendirent compte que le soleil commençait à se coucher, la forêt déjà pas fortement accueillante au départ, se transforma en un lieu angoissant, brumeux, cafardeux, enténébré, funèbre, inéclairé, inquiétant, lugubre, menaçant, obscur, sinistre, ténébreux. De quoi faire pâlir les plus braves aventuriers.

Mais le GMS et Rire n’étaient pas les plus braves aventuriers, ils n’avaient donc pas à s’en faire, bien au contraire : pendant que de téméraires baroudeurs se faisaient dévorer par des loups masqués (c’est quand même un comble pour un loup d’être masqué), que de courageux guerriers se faisaient éventrer par des brigands de petits chemins, et que de pugnaces héros perdaient la vie ainsi que moult piécettes dans une lutte les opposant à d’affreuses fraises des bois (je vous rappelle au passage que nos deux craintifs pantouflards se trouvent non loin de la Forêt de Douze, ce qui rend logique la présence de fraises…), le mouton et son fidèle compagnon se baladaient dans la forêt, sans crainte.

L es cris insupportables des aventuriers se faisant tailler en pièce rendaient finalement bien avec le chant mélodieux des oiseaux nocturnes, c’était chouette. Ils finirent d’ailleurs par s’y habituer.

(au loin) – Montjoie saint denis !
-Celui-ci c’est un heureux alpiniste banlieusard, sans aucun doute.
(encore au loin) – Tudieu !
-Ah, ça c’est un athée !
(toujours au loin) – Q ue trépasse si je faiblis !
-Un visiteur certainement.
(très loin) – Passavant, passavant li meillor!
-Flûte, un duc de Champagne !
(plus prêt) - _ . . . . _ _ . _ _ . . _ . . !
-Mince, le morse se rapproche !

Fuyant l’imposant mammifère, ils se mirent à courir vers un point non défini. Et, éclairés par on ne sait quel instinct de survie, ils finirent par tomber sur une sorte de clairière (enfin, elle était certainement claire hier au grand jour, mais elle se trouvait pour l’instant dans un bien sombre état). Je dis bien « une sorte » parce qu’avec la nuit, ils y voyaient pas très clair. Enfin, ils se rendirent compte que plutôt que de rentrer dans des arbres toutes les vingt secondes, ils ne rentraient plus dans rien du tout, ce qui dans un premier temps (au moins deux bonnes demies heures) les étonna, avant qu’ils émettent l’hypothèse qu’ils venaient d’atterrir dans un lieu dépourvu d’arbres, donc de troncs.

Pas de bestioles enragées dans les parages, aucunes traces de quelconque spadassin non plus. Ils pouvaient donc en toute tranquillité installer ici un petit campement histoire de passer la nuit. Ils se mirent à dormir à coté du campement, mais pas dans celui-ci, de peur de l’abîmer, ce qui en soit, serait vraiment dommage, un si joli campement.

Le lendemain matin, ils se réveillèrent donc non loin de leur campement. Et comme il faisait jour, ils purent constater que leur campement se trouvait à une dizaine de mètres d’un long mur de pierres et qu’eux-mêmes se trouvaient à environ cinq mètres de ce long mur de pierres. Ils venaient de dormir au pied d’une pancarte indiquant « Bourg-Moilmou, bienvenue ». Ils avaient donc évité Jactaès et Mesan, ainsi que de nombreux ennuis (et moi de nombreux maux de crâne à chercher ce qui aurait pu leur arriver là-bas).

Ils pénétrèrent dès l’aube dans le Bourg. A cette heure-ci, il n’y avait pas un chat dans les rues. ça tombait bien, ils n’en cherchaient pas. Une pancarte portant l’inscription « club de natation synchronisée » attira un instant leur attention, puis ils se remirent en route, toujours en quête d’un quelconque indice.

C’est alors qu’ils cherchaient quelqu’un que quelqu’un les trouva.

-Hep là, vous deux ! Qu’est ce que vous faites dans la rue à cette heure? dit l’homme en uniforme d’une voie lactée.
-Euh, on se promène et on…
-Vous ne savez pas que c’est interdit de traîner dans les rues avant 10 heures du matin ?!?
-A vrai dire…

Il fallait ruser.

-Et puis, vous alors, que faites vous dans les rues avant 10 heures du matin ?
-Euh, ben, à vrai dire…
-N’avez-vous pas honte ?

La ruse avait l’air de fonctionner. Empli d’un doute, le milicien s’enfuit en courant.

Le fait qu’un affreux milicien en uniforme sillonne les rues du Bourg explique en majeure partie, pour ne pas dire totalement, le fait que ces rues étaient désertes à cette heure-ci. A 10 heures, si le milicien avait dit vrai, les rues se rempliraient. Parfait, ils pouvaient bien attendre un peu. Ils parlèrent donc pendant quelques heures durant, de natation synchronisée.