Chapitre 22 : La réalisation de la prophétie des Phares aux Pruneaux, Gramdiadipadoum (son d’un saxophone en rut).

20 03 2007

Le GMS se hâta d’aller au Phare Yngolaryngite, là-bas il n’aurait qu’à déposer le fruit sur l’autel et attendre l’heure dite. Bientôt, il serait en possession de six des sept virgule cinq artefacts. Il se remémora sur le chemin tout ce qu’il avait accompli jusqu’ici. Après avoir repensé à toutes ses récentes aventures, il arriva au pied de l’édifice. Lieu sacré, lieu de recueillement, lieu tenant, lieudit « La Sainte Enceinte ». Il pénétra dans la Sainte bâtisse. Le phare ne comportait qu’un seul étage mais il était tout de même d’une impressionnante hauteur.

En face de lui se trouvait l’autel, grand rocher monolithique sortant du sol. Il y déposa la Baie de Room et resta devant à attendre. Soudain, (tindintin tiadibadiadoum des danseurs de claquettes trombonistes envahissent la scène… Bon d’accord, on arrête, promis) un rayon de soleil passa à travers les vitraux et éclaira de sa verte lumière la baie religieusement posée sur l’émergeant bloc de pierres. Un nuage de fumée remplit soudainement la pièce et qui voilà (?) : la projection pseudo-cérébro-schyzophrènique de l’esprit du mouton, en kilt (notez qu’aucune omelette ne vagabondait dans les parages, chose étrange).

-Eh bien ! Comment va notre jeune messie ?
-Plutôt bien, je m’apprêtais justement à me procurer un artefact quand vous êtes apparue…
-Je sais bien. Je suis venue te donner en main propre ce divin objet.
-Et quel est donc le prochain bidule que vous allez me mettre entre les pattes ?
-Savez-vous qu’une fois ce bidule, comme vous dites, entre vos mains, vous n’aurez plus qu’un demi artefact à récupérer et votre mission sera considérée comme terminée ?
-Oui, je sais, et c’est pour ça que j’aimerais bien arrêter de tourner autour du pot et de savoir à quel truc béni, quelle sacro-sainte chose, quel céleste machin, je vais avoir affaire.

-Bien, bien. Je vais vous le donner ce précieux artefact.
-Merci à vous.

On ne sait par quel tour de passe-passe, la divine silhouette humaine fit apparaître, devant le mouton ébahi, une sorte de flûte à moitié ronde. Comprenez qu’après tout ce qu’il avait vu jusque là, le GMS ne fut qu’à moitié étonné par sa nouvelle acquisition.

-Voici le Pipeau Hémicylindrique. C’est un artefact très très ancien. Symbole de la poésie pastorale de Dol. Ce champêtre objet vous permettra l’accomplissement de votre ultime mission.

- Eh bien! Après un entonnoir, un ongle, un débouche chiottes, un escabeau, un parpaing, voici venir un flûtiau. Sur quel bizarroïde objet je vais bien pouvoir tomber après ça ?
- Hey Hey ! Moi seul le sait.
- Et je suppose qu’avant de partir (il faudra bien te couvrir) dans un torrent de feu vous allez me laisser seul avec un indice aussi dodu qu’un cure-dents.
- Je ne peux hélas te contredire mon bon ami.
- Je m’en doutais presque…
- Ceci dit, je peux aussi partir tout de suite te laissant dans une ignorance totale.

N’ayant nullement envie de passer des années à racler le territoire de fond en comble pour y dénicher des indices lui permettant d’en finir avec sa mission, le GMS accepta que le spectre en jupette lui délivre son précieux indice.

-Bon, alors cet indice?
-Le prochain artefact est un peu particulier.
-Pour changer…
-Et il est aussi un peu plié.
-Bah voyons…
-Il est couramment en paire mais celui-ci est unique, on ne lui connaît pas de double, et on ne sait pas pourquoi. Normalement, il devrait être en laine, mais celui-ci est poilu.
-Bref je cherche quelque chose qui se veut être identique à une autre chose qui n’existe pas. Objet velu qui plus est.
-C’est à peu prêt cela oui.
-Ô joie.
-L’artefact dont nous parlons actuellement ne se trouve dans aucun des endroits que vous avez visité jusqu’ici.
-Ah bah ça m’aide grandement ça. Il me reste plus qu’à fouiller tout le Sud et tout l’Est du pays. En route alors…
-Courage !

Laissant le GMS à sa réflexion mûrissante, la projection s’en alla rapidement dans un tourbillon de flammes, pour ne pas malmener la coutume.

Sorti de l’enceinte du bâtiment, l’ovin rouge (calem… non c’est pas grave laissez tomber) d’émotion, contempla sa flûtine. A quoi diable pourrait servir cet amas d’objets divins, cette incohérente collection de reliques? Pour le découvrir le GMS devait d’abord récupérer un objet des plus mystérieux. Quel pouvait être cet objet qui s’était vu privé de son clone déontique pour des raisons inconnues ? Objet poilu par dessus le marché.

S’arrêtant un peu de penser à sa mission et à cet étrange et ultime artefact, notre mouton songea à faire une petite pause, un peu de repos ne lui ferait pas de mal et l’aiderait sûrement à se rafraîchir les idées. Idées qui se bousculaient déjà dans son encéphale à la contenance restreinte. Tout était imaginable, des demies paires de fesses à la pilosité non négligeable aux semis chaussures à poils ras.

La nuit tombait, et tombait bien. Demain il quitterait Dol, il avait étudié les possibilités qui s’offraient à lui. Dol mène au Sud par un petit chemin sinueux, tortueux, en zigzag que l’on appelle couramment la Descente de Lit, et à l’Est par une pente raide que l’on peut gravir à raison de nombreux efforts, La Monté Cristo. Préférant la facilité le GMS décida de commencer par grimper la Monté Cristo, se disant que de toute façon, un chemin qui monte n’est rien d’autre qu’un chemin qui descend mais en sens inverse (notez la bilatéralité de la chose et la réciprocité du contraire).